Les Chroniques de l'Imaginaire

L'armoire... - Cortey, Anne

Mémé, ce n'est pas ma grand-mère mais celle de maman. Et au départ, je n'aimais pas vraiment aller chez elle. Tout y sentait le vieux, le renfermé, même sa bouche, le tout mélangé à l'odeur de l'eau de toilette dont elle s'aspergeait généreusement. Autant dire que je restais collée à ma mère lors des visites. Puis, petit à petit, j'ai commencé à ne plus faire attention à ces détails et à m'intéresser aux innombrables trésors que recelait la maison. Il y avait des objets partout, dans tous les coins et recoins. Et puis en fait, Mémé, elle me comprenait, elle aimait les enfants, elle riait de nos blagues. Mais un jour, Mémé est morte et plus rien n’a été comme avant.

Pas facile de classer L'armoire.... Au départ, ce court roman nous conte la vieillesse vue par les yeux d'une petite fille de neuf ans. Tout comme elle, je vivais parfois les visites chez les membres les plus âgés de la famille comme une corvée puis petit à petit, ils ont réussi à m'apprivoiser et j'ai découvert des personnes riches et pas aussi vieilles que leurs rides le laissaient penser. Puis c'est le deuil et surtout l'incompréhension face à des adultes qui commettent des impairs en voulant protéger l'enfant qui elle, ne demande qu'à savoir. Enfin on plonge dans un univers fantastique né des cauchemars qu'engendre l'héritage d'une énorme armoire normande, la Chose.

L'écriture est tantôt grave, tantôt poétique, tantôt légère. Le récit à la première personne nous entraîne dans les pensées d'une enfant de neuf ans. Avec elle, c'est une plongée dans les souvenirs de notre enfance, dans ces réactions d'adultes qui nous semblaient tellement injustes, dans ces peurs qui nous glaçaient le sang, dans ces terreurs nées d'une imagination trop fertile.
Un conte intéressant que j'adressais surtout à l'enfant qui subsiste en nous.