Hans Krull, le cousin d'Allemagne, vient visiter le frère de son père, installé en France et naturalisé depuis des années. Peu de temps après son arrivée, une adolescente est violentée, assassinée, et jetée dans le canal derrière la maison. Hans soupçonne son cousin Joseph de ne pas être étranger à ce crime, et il n'est pas le seul.
A la lecture de ce roman, on ne peut que regretter que le célébrissime commissaire Maigret, et toutes les adaptations qui en ont été faites pour le cinéma et la télévision, ait écrasé toute l'oeuvre de Simenon. En effet, cette histoire où il n'apparaît pas suffirait à démontrer, s'il en était besoin, quel excellent écrivain fut son créateur.
Ce roman est certes daté dans le détail, puisque ce sont les Allemands qui sont ici stigmatisés, mais toujours actuel dans le thème, qui est celui de l'étranger, décliné dans les différents sens du mot. Certes, la famille, bien que naturalisée, reste étrange et étrangère dans ses habitudes, et dans sa façon même de se montrer française, presque à l'excès, ce que l'auteur met en relief finement dans la bouche de Hans, l'étranger qui ne s'en cache pas. Mais chaque membre, à commencer par le père, semble étranger aussi aux autres, et parfois à soi-même. Cela en fait une famille totalement dysfonctionnelle, sous des apparences lisses, et du roman un huis-clos étouffant, ce que rend très bien le style, d'une grande finesse psychologique, surtout quand il s'agit de décrire des personnages aussi ambigus que ceux de cette histoire.
En somme, ce roman court fait passer un excellent moment de lecture, et je le recommande vivement.