Les Chroniques de l'Imaginaire

Velum (Le Livre de Toutes les Heures - 1) - Duncan, Hal

Les Amortels ont été connus des humains sous différents noms au cours des histoires qu'ils se sont racontés. Mais ils n'ont pas disparu depuis le début de l'Histoire, à peine sont-ils devenus moins repérables. Et encore.
Ce qui n'a pas changé non plus, c'est qu'ils sont en guerre les uns contre les autres, chaque clan rejetant toutes les fautes sur l'autre... de toute éternité. Et il est exclu que quelque Amortel que ce soit reste en dehors du conflit. Il y a pourtant deux absents de taille. Or, si Metatron finit par en identifier un, l'Autre reste inconnu, ce qui pourrait bien faire l'affaire d'un ambitieux.
La guerre ayant envahi le monde humain, ceux d'entre ses habitants qui peuvent revêtir une identité d'Amortel sont tentés de se réfugier dans le Velum... si on peut appeler cela un refuge !

Ce roman-fleuve (avec toutes les connotations de puissance et d'ampleur, voire de capacités de submersion et de débordement que le mot contient), quasi impossible à résumer, voire même à raconter, est absolument passionnant. Certes, il faut d'emblée consentir, même pour un lecteur raisonnablement cultivé et féru de mythologie tant sumérienne que gréco-latine, à ne pas tout comprendre.

Il faut accepter le passage constant d'un temps à l'autre, d'un personnage à l'autre, qui ne sera ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ; il faut accepter les variations dans l'épaisseur du voile (velum, précisément, en latin) qui sépare deux sortes de réalité. Aïe, voici d'ailleurs un mot qui pose tant de souci qu'autant y renoncer, au moins le temps de la lecture !

Sans doute vaut-il mieux aussi ne pas se demander à quel genre peut bien appartenir cet "Objet Littéraire Non Identifié". En ce qui me concerne, je l'ai classé en fantastique, mais j'aurais tout aussi bien pu le ranger en science fiction, pour ses aspects uchroniques.

Moyennant ces diverses suspensions d'incrédulité, une fois le livre reposé, et le lecteur aussi, on gardera le souvenir d'avoir fait un voyage à la fois docte et éblouissant, où les longueurs sont très rares malgré l'épaisseur du pavé. Et on louchera sur le tome suivant...