Ce troisième numéro de Doggy Bags est consacré au Mexique, un pays qu'affectionne Run. Mais nous ne nous y rendrons pas pour faire du tourisme mais pour découvrir la face pourrie, celle de la corruption et de la drogue, le monde des narcotrafiquants.
Dans Room 213, nous nous retrouvons dans une ruelle minable. Une bande de narcos a été interpellée par les flics. Mais ces derniers roulent pour d'autres narcos et les laissent entre leurs mains. Il faut juste que ça ne dure pas trop longtemps, le quartier ne pouvant pas être bouclé indéfiniment. Ils sont quatre à se retrouver les mains liées dans le dos, les genoux au sol. Ils travaillaient pour les autres, mais ont voulu se monter leur propre business. Grossière erreur. Et il est maintenant temps de régler les comptes. À coup de machette.
La danza de los 13 velos nous emmène dans un club privé où un banquier, un médecin et un flic pourris jusqu'à la moëlle assistent à une danse des treize voiles, un striptease torride, alors qu'ils racontent chacun comment ils ont humilié récemment une jeune femme avec un enfant, l'une chinoise, l'autre indienne et la dernière mexicaine.
Dia de muertos nous propulse le jour des morts. Trois hommes avec des costumes de squelette vont mener une expédition punitive contre le chef d'une bande de narcotrafiquants. Aujourd'hui, cela n'étonnera personne de voir se promener des individus ainsi habillés. Mais est-ce une belle histoire de vengeance ou simplement un règlement de compte commandité par un autre narco ?
Un troisième numéro qui fleure bon Machete, le Mexique, la violence, la corruption, la drogue, le sexe. Il ne manquerait plus que Danny Trujo pour le présenter ! Mais trêve de plaisanterie, le sujet est très sérieux. En utilisant la bande dessinée, qui plus est d'exploitation, Run et ses compères nous déroulent un tableau terrifiant, celui d'un Mexique gangréné où les morts liés à la drogue se comptent à la pelle. Et face à cette déferlante, il n'y a personne. Le président Felipe Calderon a beau avoir déclaré la guerre aux narcos, dans les faits ce sont eux qui dirigent le pays. Et gare à celui qui se met réellement en travers de leur chemin. En cela, les pages explicatives de ce Doggy Bags sont très bien faites. Elles essayent, en peu de place, de nous relater la vie là-bas, et son horreur.
Comme toujours, Run a su s'entourer d'auteurs de talent : Neyef, que l'on avait déjà pu lire dans Ce goût ; Florent Maudoux, que l'on connait pour la série Freaks' Squeele, et qui avait déjà participé au premier numéro de Doggy Bags pour nous présenter Masiko, la mère de Xiong Mao ; et puis Francesco Giugiaro et Jérémie Gasparutto, deux noms qu'il ne faudra pas oublier. Room 213 et Dia de muertos sont deux récits efficaces et directs, comme j'aime. Mais dans La danza de los 13 velos, Maudoux nous propose le striptease le plus waouh qui soit. Non, sans rire, c'est d'une sensualité et d'un érotisme terrible. On peut le comparer à ce qu'on veut, c'est un striptease qui devrait rentrer dans les manuels. Mais pourquoi toujours dire que Masiko est grassouillette ? Elle est sublime cette femme !
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Doggy Bags est l'anthologie de bande dessinée qu'il ne faut surtout pas louper. La seule, l'unique, la véritable. Espérons que Run garde la foi et continue à nous faire tripper encore longtemps.