Noël sanglant (Une enquête de l'Inspecteur Lykke - 1) - Try, Kjetil

Noël ce n’est pas uniquement les guirlandes, les cadeaux et les Pères Noël barbus. Noël c’est aussi l’occasion pour certains, comme Kjetil Try, de mettre en scène des crimes bien saignants.

C’est vraiment la fête cette année pour Henki Haraldsen, SDF. Un inconnu lui a offert sa cuite du réveillon, et de bonne qualité. Son cerveau s’embrume petit à petit, le coma n’est pas loin. A travers les vapeurs éthyliques, il entend des murmures étranges, comme venus du ciel, “Tremblez et ne péchez point”. L’inconnu aux bouteilles psalmodie en lui coupant la jambe. Une jambe qu'il emporte dans la nuit.

Un an plus tard, Reidar Dahl rentre chez lui, fier de sa prestation dans L’Evangile de Noël. Le rôle de Joseph lui va comme un gant, c’est certain. Il a d’ailleurs rendez-vous le soir même avec un journaliste qui veut l’interviewer sur ces performances scéniques. Trois jours plus tard, il est porté disparu et on retrouve ses viscères congelés dans son frigo.

Les cadavres tombent comme des mouches dans Noël sanglant. Selon l'inspecteur Rolf Gordon Lykke, cette histoire sent mauvais. Mais il ne veut surtout pas orienter l’enquête sur un serial killer. Avoir un profiler dans les pattes serait vraiment trop à gérer pour lui. Surtout qu'il a des problèmes personnels à régler : sa femme beaucoup trop jeune pour lui et qui, il en est persuadé, veut le quitter, sa fille qu'il ne pourra pas voir vieillir… Pourquoi a-t-il fait le choix d’avoir un enfant si tard ? Dieu seul le sait. Entre enquête et quotidien, il doit apprendre à gérer ses priorités, et ses croyances.

Noël sanglant est la première enquête de l’inspecteur Lykke, cinquante-cinq ans. “Sanglant” c’est effectivement le qualificatif pour définir cet ouvrage, premier roman traduit en français de Kjetil Try. Pourtant, le roman ne tourne jamais au gore. Une sensibilité scandinave qui sait rester dans la sobriété ? Peut-être que le froid affûte les sens et l’expression littéraire. Kjetil Try parvient à merveille à intégrer son lecteur dans un froid nordique qui nimbe toute l’intrigue. Entre les noms norvégiens, les rues imprononçables, les journaux inconnus et les éternels chewing-gums Extra de l’inspecteur, on se retrouve plongé lentement mais sûrement dans un univers dont on ne ressort pas indemne.

Seul point noir au tableau: certains choix éditoriaux. A mon sens, l’illustration de couverture et le résumé dévoilent bien trop l’intrigue. Si on a lu la quatrième de couverture, on ne retrouve un peu de suspense dans l'intrigue qu'à la page 288. C'est bien dommage !