Les Chroniques de l'Imaginaire

Les aventures du capitaine Alatriste - Pérez-Reverte, Arturo

Au XVIIème siècle, l'Espagne est fière mais ses racines sont corrompues. Le peuple espagnol aime son roi, Philippe IV, son prestige et il craint la très sainte Inquisition. Les luthériens hollandais ont vaincu les tercios espagnols, qu'importe ! Le peuple se passionne pour les courses de taureaux et le jeu. Mais sous l'ensemble des privations, les Espagnols, qu'ils soient roturiers ou aristocrates esclaves des apparences sont à cran. Les gants claquent pour un oui ou un non et les épées sont une solution à chaque mésentente. L'époque est bénie pour les spadassins.

Le capitaine Alatriste est l'un de ces bretteurs sur commande. Revenu des Flandres, il loue son épée au meilleur parti pour gagner sa croûte. Sa réputation n'est plus à faire dans la capitale, les clients sont nombreux mais la discrétion est à oublier.

Ses derniers clients lui ont assigné un partenaire italien pour une mission spéciale. Mais si le premier commanditaire demande que deux voyageurs particuliers soient rudoyés anonymement dans les ruelles de Madrid, le second augmente la prime pour que les deux inconnus disparaissent définitivement...

Les deux premières aventures du célèbre capitaine Alatriste sont réunies dans ce livre (Le capitaine Alatriste et Les bûchers de Bocanegra). Alastrite est un personnage complexe. Un taiseux au grand coeur, flamboyant et attachant, qui parle de la pointe de sa rapière et qui tient à ses amis. C'est Iñigo Balboa, le page d'Alatriste, qui raconte la vie de son maître avec entrain, passion et de manière extrêmement communicative. La narration porte un récit grandiose et virevoltant. C'est avec énormément de plaisir que l'on s'assied dans son fauteuil pour écouter Iñigo nous conter la vie trépidante d'Alatriste, ses rencontres, ses mésaventures, ses moments de joie ou les bons mots de son poète d'ami, Francesco de Quevedo.

Le style de Pérez-Reverte est à l'image des actions de ses personnages, vivant, rythmé, plein de panache et passionnant. Suivre son texte est un délice, il est comme une belle musique, son écriture chante. Il est élégant dans le choix de ses mots et précis dans la structure de ses phrases. La narration d'Iñigo est touchante de finesse et de réalisme. Les dialogues sont percutants à l'image des assauts d'escrime qu'il décrit avec tant de classe. Ceux qui ont lu le Maître d'escrime trouveront, d'ailleurs, des ressemblances entre Jaime Astarloa et Alatriste.

Trois bémols tout de même. Le lecteur qui choisit cette édition doit faire attention au fait que l'ouvrage est un ultrapoche. Ouvert et tenu verticalement, il a la taille d'une page d'un livre de poche normal. C'est surprenant et la maniabilité n'est guère aisée au début. On s'y habitue rapidement. Ensuite, au vu de la complexité de l'époque, de l'action et du vocabulaire employé, des commentaires et notes explicatives auraient été les bienvenus. Enfin, le prix me paraît trop élevé pour un objet livre de cette taille.

En conclusion, Alatriste et ses histoires sont formidables.