Les Chroniques de l'Imaginaire

Pour seul cortège - Gaudé, Laurent

C’est un roman historique qui nous ramène en 323 avant JC à Babylone. Alexandre le Grand fait la fête avec ses proches et il est subitement pris d’un accès de fièvre. Dès lors, trois voix vont raconter son agonie, sa mort et la guerre de succession qui s’en suit.

Il y a tout d’abord sa belle-soeur Dryptéis, fille de Darius III et veuve d’Héphaestion. Elle a fui la cour pour se réfugier dans un temple dans la montagne. Elle y vit simplement parmi les prêtres avec son fils de quatre mois. Elle veut fuir l’empire, mais des cavaliers viennent la rechercher lors de la maladie d’Alexandre. Elle nous racontera la mort du conquérant et son étonnant dernier voyage.

Il y a aussi Ericléops, un guerrier courageux qui s’est sacrifié pour aller porter le dernier défi d‘Alexandre à un roi lointain et qui ne veut pas être mort en vain.

Ensuite Alexandre lui-même qui nous raconte ses derniers jours, ses derniers rêves. Ces trois voix se mêlent pour nous conter cette histoire selon leur différents points de vue.

Gaudé nous emporte dans un récit passionnant et envoûtant. Il suit le déroulement des faits tels qu'ils sont rapportés par les historiens antiques jusqu'au moment où le corps embaumé arrive en Egypte après que Ptolémée s’en soit emparé tandis que la guerre de succession commence dans l’année qui suit la mort d’Alexandre. A partir de ce moment débute le dernier voyage du roi dans une magnifique envolée poétique. On quitte l’Histoire pour atteindre le mythe, sous la conduite de la fidèle Dryptéis.

La partie épique du roman est très belle, avec une pointe de fantastique. Le personnage de Dryptéis est particulièrement touchant, elle a tout connu de la vie, elle a été princesse, vaincue, puis reine par son mariage. Au début du livre elle n’est qu'une mère qui veut oublier l’Empire et sauver la vie de son fils. Elle représente toutes les femmes, qui sont les premières victimes de la guerre. C’est aussi une voix forte et singulière, le personnage principal de ce roman, encore plus que le roi.

Alexandre est un personnage ambigu, à la fois génie militaire et chef sanguinaire, ange et démon. Mais cette époque avait une autre notion que nous de la violence.

C’est un très beau roman, qui nous emmène dans une époque et sur des terres très lointaines pour mieux nous envoûter de sa poésie. Je vous le recommande chaleureusement.