Les Chroniques de l'Imaginaire

Le lion de Némée (Hercule - 1) - Morvan, Jean-David & Looky & Thill, Olivier

Cela fait dix ans qu'Atrion, le père d'Hercule, est mort. Il a été démembré sous les yeux de son fils par les Mynyens. C'est l'anniversaire de la mort d'Atrion mais Hercule n'a pas le cœur à faire la fête ; il ressasse de mauvais souvenirs. Et il n'est pas bon qu'Hercule ressasse. Sous prétexte qu'il réalisa quelques prouesses dès sa plus tendre enfance, les gens le voient pour plus fort qu'il ne l'est en réalité, ou qu'il se sent plus exactement. Dépité, ivre, il s'écroule. Un robot, dirigé par une femme, en profite pour introduire dans le corps d'Hercule une capsule qui va lui permettre de prendre le contrôle du corps du colosse. À peine réveillé, il se dirige sans hésitation dans la pièce du vaisseau spatial où sa femme et son fils se trouvent. Puis les tue.

Sur la planète Némée, des attaques d'une rare violence ont eu lieu. À des milliers de kilomètres de là, d'étranges bruits se font entendre. Les bêtes sont excitées mais les habitants tentent de relativiser ; c'est certainement le vent. Une théorie plus aussi solidement défendue quand un énorme trou dans la paroi d'un bâtiment, pourtant censé résister à de forts vents, est découvert. Une créature est à l'intérieur, et personne ne pourra rien faire pour l'empêcher de massacrer la famille.

Mais il n'est pas dit que personne ne pourra la stopper.

Hercule, de Jean-David Morvan, se propose de revisiter le mythe du héros dans une version space opera. L'idée est séduisante et peut donner quelque chose de puissant. Surtout qu'il semble que Morvan n'ait pas pris le parti de décrire le personnage comme particulièrement attachant. C'est un guerrier qui prend presque du plaisir dans la guerre et le meurtre. Hanté par celui de sa propre famille, il va vouloir se racheter d'une manière ou d'une autre. On va donc lui proposer différentes tâches à accomplir. La première étant de se rendre sur Némée pour régler le problème de cette créature qui massacre les populations.

Pour réaliser cette grande fresque, Morvan s'est entouré de Looky, que l'on voit décidément de plus en plus, ce qui n'est pas pour me déplaire, et d'Olivier Thill. Graphiquement, l'album est très bien réalisé. Hercule, avec son casque sur la tête, relevé très souvent, donne vraiment une impression de puissance brutale et indomptée. Ce n'est pas seulement la musculature impressionnante qui donne cette impression, mais les dessinateurs ont réussi à faire sortir quelque chose de vraiment fort de leur personnage. Le lion n'est pas en reste non plus.

Alors pourquoi ai-je le sentiment d'un tome pas totalement abouti ? Déjà, les références mythologiques ne sont nullement expliquées, à aucun moment. Soit on connait soit on ne connait pas mais dans ce dernier cas, il manque des pistes pour pouvoir apprécier l'histoire dans son ensemble. Ensuite, j'ai trouvé qu'il manquait parfois quelques cases pour que la narration soit moins hachée. On comprend ce qu'il se passe, mais tout ne coule pas de source.

Hercule a de belles possibilités, mais il faudrait que tout ne repose pas sur un dessin détaillé et puissant. Et des éléments de contextualisation serraient aussi les bienvenus par moment.