Köstler trouve du réconfort dans les bras de Julia, une prostituée de race considérée comme inférieure. Mais elle est bonne avec lui, et tellement belle. Il aimerait pouvoir lui offrir quelque chose, mais que peut-on offrir quand on est autant déchiré à l'intérieur de soi ? Köstler n'a qu'une seule ambition : devenir un natio, un homme du Weltraum, considéré comme tel et non plus comme un laeten sacrifiable. Ainsi, il pourra faire payer le Weltraum pour tout ce qu'il a pu faire, tout ce qu'il lui a pris. En attendant, il faut que Julia et lui restent discrets.
Lors d'une mission Skraeling, Köstler se bat avec Schoem. Ce dernier ne supporte pas la présence dans l'unité de celui qu'il appelle le métèque. Mais Kos n'est pas du genre à se laisser faire, surtout par un trou du cul pareil. En attendant, cette rixe lui coûte sa place dans le commando ; il doit se tenir à carreau pendant un certain temps. Le lieutenant Steyr a beau l'estimer, il se doit de le mettre en garde. Sur son comportement, qui pose des problèmes en plus haut lieu, mais aussi sur sa liaison avec Julia. Il apprend aussi que le capitaine Weser, qui a toujours été contre l'intégration de Köstler aux Skraeling, a stoppé son dossier de naturalisation. Pour lui, c'est tout simplement inconcevable. Mais Weser a d'autres chats à fouetter actuellement que de se préoccuper d'un sous-homme.
Skraeling revient avec un deuxième tome prenant et passionnant. Nous n'avons plus certes la première impression d'étouffement que nous avait procuré le premier tome, quand on découvrait cette dictature. Mais ce n'est pas pour autant que Enragé ne nous emporte pas aussi loin. Nous allons découvrir que la mécanique du Weltraum n'est pas aussi bien huilée qu'elle le laissait penser. Certains de ses rouages ont des vues personnelles et comptent bien jouer leur propre jeu pour réussir à gravir les échelons. Même si c'est une mauvaise chose pour le Weltraum, ce n'est pas dit que d'autres n'en profitent pas. Parce que nous allons aussi découvrir un camp de travail. La vie n'y est pas simple et la révolte gronde. Surtout que la couche corruptible du personnel va être exécutée sans autre forme de procès par les agents du Weltraum. Bref, nous sommes toujours dans la même dictature pourrie et raciste. Mais la couche de perfection s'effrite et il est peut-être temps pour certains de prendre leur revanche.
Graphiquement, Damien Venzi nous propose toujours un travail aussi soigné. Sombre, oppressant, mais vraiment bien fichu. Détaillé tout en restant lisible, on admire son travail sur les personnages mais aussi sur les décors. Il y a beaucoup de recherches sur l'ambiance visuelle et ce qu'elle est capable de véhiculer, comme le prouvent les pages de fin. Un uniforme n'aura pas le même impact en fonction de la manière dont il est fait. Les auteurs ont su digérer les icones des dictatures que nous avons pu connaitre, hitlérienne et stalinienne en tête, pour nous faire froid dans le dos avec leurs escadrons.
Une vision toujours aussi implacable sur la cruauté et la stupidité des hommes. Mais une lecture toujours aussi indispensable.