Les Chroniques de l'Imaginaire

Les trois clés (Saria - 1) - Dufaux, Jean & Serpieri, Paolo Eleuteri

Le prince Asanti, mourant, confie à sa fille Saria un coffret très convoité. Son frère, le doge de Venise, estime que cet héritage lui revient de droit et est déterminé à l’obtenir. Quant à l’ange déchu Galadriel, il est également prêt à tout pour mettre la main sur le précieux coffret dont il fût autrefois le gardien. En effet, celui-ci renferme trois clés, qui permettent d’ouvrir la Porte de l’Ange soit sur le Paradis, soit sur les Enfers, soit sur le Néant. Saria est chargée de protéger la relique, mais également de trouver la Porte de l’Ange et la clé adéquate pour accéder au Paradis. Dans l’immédiat, elle doit fuir, sous la protection du fidèle Orlando.

Quelques années plus tard, la fillette est devenue une splendide jeune femme à la chevelure rousse flamboyante. Connue du peuple de Venise sous le nom de La Luna, elle en est très appréciée car elle utilise les restes de la fortune de son père pour sauver des innocents pris dans les rets des « inquisiteurs assis à la droite ». Sous la pression des évènements, sa clandestinité va cependant voler en éclat.

En effet, douze ans ont passé depuis que le peuple de Venise a élu son dirigeant, choisissant le Doge (représentant l’Eglise) plutôt que le martyr proposé par la Dyle des Forçats. Le temps est venu de voter à nouveau. Or les pouvoirs du Doge déclinent, alors que ceux du nouveau martyr passent pour exceptionnels…

Imaginez ouvrir une boite de chocolats et y découvrir des pâtes de fruit. C’est bon aussi, mais vous ressentez une certaine déception, forcément, vu que ce n’est pas ce que vous attendiez. C’est ce que j’ai éprouvé en ouvrant cette bande dessinée. J’avais flashé sur la couverture sans chercher plus loin… or celle-ci est l’œuvre de Riccardo Federici, alors que les dessins et couleurs de la bande dessinée sont l’œuvre de Paolo Eleuteri Serpieri. Un style graphique qui, s’il est également remarquable, est totalement différent. Alors que Federici utilise la couleur pour « peindre » intégralement ses cases, Serpieri s’appuie plus sur les traits, avec des dessins que l’on concevrait très bien en noir et blanc. Bref, j’ai été surprise, et c’est dommage parce qu'objectivement les dessins sont très beaux.

L’explication, il m’a fallu attendre le deuxième volume pour la découvrir. Cette série, prévue en trois volumes et initialement intitulée Les Enfers, aurait dû être entièrement dessinée et colorisée par Paolo Serpieri. Cependant, une fois paru le premier tome (en 2007, chez Robert Laffont), sa santé ne lui a pas permis de continuer. Changement d’éditeur, changement de dessinateur pour la suite, focus accentué sur le personnage de Saria (d’où le changement de nom de la série), tout cela a fait que la réédition s’est vue dotée d’une nouvelle couverture à l’avenant.

Revenons-en au contenu. On y découvre une société futuriste décadente un brin répugnante. Les personnes et les bâtiments ont subi des altérations malsaines (tentacules baladeurs et autres), c’est plutôt monstrueux. Même l’ange, au visage déformé, a une apparence rebutante. Le fond reste cependant une Venise mêlant palais imposants et canaux, avec une technologie au parfum rétro (comme le zeppelin de la Dyle). On aime ou on n’aime pas, mais en tout cas on ne peut s’empêcher de plonger dans cette Venise imaginaire et d’admirer les dessins.

Sur le scénario de Jean Dufaux, je n’ai pas grand-chose à dire : il est suffisamment rythmé pour qu'on ne s’ennuie pas, mais sans surprise. Deux jours après ma lecture, j’en ai déjà oublié maints détails, pour ne retenir que la richesse graphique.