Emily Tempest n'était déjà pas très sûre que c'était une bonne idée d'entrer dans la police comme ACPO (agent de police des communautés aborigènes). Dès son entrée en fonction, elle se dit qu'en effet elle a eu tort : son chef, Tom McGillivray, est à l'hôpital, et son remplaçant, Bruce Cockburn, est un Blanc raciste empalé sur le manuel de procédures. Pour tout arranger, dès le premier jour, l'équipe est appelée pour un meurtre.
Selon toutes apparences, deux vieux poivrots, amis de longue date de Jack Tempest, d'ailleurs, se sont bagarrés une fois de trop : Doc est mort, un marteau de géologue dans le cou, et Sans-Fil est écroué pour meurtre. Pour Emily, il n'y a pas vraiment eu d'enquête, et des éléments n'ont pas été pris en compte. Elle parvient non sans peine à arracher à Cockburn l'autorisation de creuser un peu. Et c'est là que les ennuis commencent.
Ce roman vaut d'abord par ses personnages, qui ont tous une formidable présence, de Bruce Cockburn à Jet, en passant par Windmill, Magpie, Marta, Wishy... et bien sûr Emily. Tout une galerie d'être humains cohérents, drôles, désespérés, crédibles, et pour la plupart attachants.
L'auteur sait aussi rendre à merveille ce que les Romantiques appelaient "l'âme des lieux", cette sorte de point de passage entre l'animé et l'inanimé, quand quelque chose dans la Terre ou les rochers parle à ceux qui les côtoient depuis toujours. Il n'est pas question de magie sous la plume de Adrian Hyland, même s'il y a au moins un évènement inexpliqué, mais de lien très fort entre les hommes et leur terre.
L'écriture est à la fois précise, concrète et lyrique, servie par une traduction respectueuse et inspirée. En somme, ce roman, comme le précédent, est un vrai régal de lecture, en plus de mettre en scène ces peuples aborigènes australiens peu connus du lecteur européen lambda. Il confirme, s'il en était besoin, le talent de l'auteur, et on attend avec le plus grand intérêt la suite des aventures d'Emily Tempest.