Gabrielle reçoit un homme dans son bureau. Il s'appelle Chris Norton et souhaite que Gabrielle représente son frère durant son procès. Elle n'a pas de temps pour une nouvelle affaire mais son patron a rédigé un court mot pour lui demander de la prendre quand même. Alvin, le frère de Chris, est un militaire accusé d'avoir maltraité un prisonnier afghan. Chris n'en croit pas un mot. Gabrielle ne veut pas donner son accord sans avoir rencontré Alvin. Elle se rend donc à la prison où il est retenu et découvre un homme qui ne veut pas qu'on le défende. Alvin pense que cette affaire n'ira pas très loin. Gabrielle lui met donc les points sur les "i".
Pendant ce temps, au Pakistan, non loin de la frontière avec l'Afghanistan, Sienna est en mission. Elle observe par la lunette de son fusil des hommes qui chargent leur cargaison de drogue. Puis un homme sort, en fauteuil roulant. Sienna l'observe et n'a pas le cur de remplir sa mission, à savoir tuer. Son hésitation va la mettre dans une fâcheuse posture puisqu'elle va être capturée. L'homme en fauteuil roulant va lui rendre une petite visite. S'il ne peut plus marcher, a le corps recouvert de cicatrices et est aveugle, c'est à cause d'américains qui l'ont torturé. Et il compte bien se venger. En fait, il n'est plus aussi aveugle que ça puisque ses yeux ont été réparés. Du coup, il est capable d'identifier ses tortionnaires. Il s'était aussi gravé les trois premières lettres du nom d'un de ses bourreaux : SAT. Il va libérer Sienna pour qu'elle rentre chez elle et devienne son messager. Un messager funeste.
Stephen Desberg n'est plus crédité sur ce nouveau cycle de Sienna que comme co-créateur de la série. C'est donc Philippe Emmanuel Filmore qui reprend le flambeau au scénario, mais seul. Nous sommes dans une affaire qui touche au domaine militaire mais aussi à la sphère politique. Les personnes impliquées sont à tous les échelons, mais ceux qui se trouvent dans les plus bas ont moins de chance de s'en sortir que les autres. La scène qui m'a le plus marqué est cette soirée de mécènes où l'hôte fait une apologie de la guerre, mais pas seulement. Le "autorisez-moi à ne pas être politiquement correct un instant. Après tout, nous sommes entre nous" correspond parfaitement à la manière dont je m'imagine nos gouvernants et leurs puissants maîtres financiers quand ils discutent de la plèbe, masse grouillante à laquelle il écure de se mélanger.
Nous alternons entre Sienna et Gabrielle, même si ce tome est plus consacré à Gabrielle. Leurs deux affaires vont évidemment avoir un lien entre elles. Le savoir est une chose, démêler le problème est une autre paire de manches, qui verra sa conclusion dans le prochain tome.
Le dessin de Chetville, au style réaliste, est parfaitement maîtrisé. Les personnages, les fonds, les décors, tout est calibré pour donner une lecture prenante et agréable à l'il. Il sait aussi bien dessiner les belles femmes que les vieux beaux narcissiques. La mise en scène est classique mais colle bien à l'ambiance et à l'histoire. On aurait pu apprécier quelques prises de risque sur certains angles de vue, mais finalement on se rend compte qu'on n'en a pas besoin dans cette série. Le classique pur et dur fonctionne toujours aussi bien, directement sans fioritures.
Ce tome de Sienna se concentre sur l'affaire, et pas sur les relations entre Gabrielle et elle. Mais ce n'est pas une mauvaise chose en soi. Et le tome défile ainsi tout seul.