Avant de devenir l'écrivain reconnu à qui l'on doit, entre autres chefs-duvre, Le livre de Dina et Un verre de lait, s'il vous plait, Herbjorg Wassmo fut une petite fille qui, contre les difficultés de la vie, s'était trouvé une arme : un petit carnet dans lequel elle déversait des mots.
Cent ans séparent cette enfant de Sara Susanne, son arrière-grand-mère, une femme dont la beauté hors du commun attira l'attention d'un pasteur qui la prit comme modèle pour peindre un ange sur le retable de son église.
Cent ans que Herbjorg Wassmo décrit en près de six cent pages. Il fallait au moins ça pour parler de ses origines, de ces trois générations de femmes qui l'ont précédée : Sara Susanne, sa fille Elida, sa petite fille Hjordis et Herbjorg, l'écrivain.
Herbjorg Wassmo a fait de l'histoire de sa famille une fresque magnifique qui retranscrit le froid, la rudesse et les difficultés de vie des hommes - et surtout des femmes - dans les îles Lofoten. Au fil des pages, on découvre le quotidien de cette lignée : l'amour, le désamour, la mer, les enfants qui arrivent souvent, trop souvent... Mais aussi le silence, la honte, la sensation d'enfermement, l'impression de ne jamais pouvoir être soi. On s'imprègne facilement de l'ambiance de ces différentes époques et Cent ans devient très vite impossible à lâcher.
Malgré la dureté des thèmes évoqués, l'auteur parvient à transmettre tant de belles choses dans ce long roman que l'on ne voit pas les pages défiler. Son style allie concision et puissance d'évocation et nous entraîne au plus près des pensées de ses personnages.
Un très bel ouvrage que je ne peux que vous conseiller. Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, ce sera l'occasion de vous laisser charmer.
