Arthur est un petit garçon de sept ans envahi d'une immense tristesse. Il est depuis peu orphelin et comme chacun peut se l'imaginer, ses parents lui manquent horriblement. Rien ne peut le distraire de sa mélancolie, et la considérable fortune dont il a hérité ne change rien à cela. L'approche des premières fêtes de fin d'année qu'il va devoir passer seul en ajoute encore à sa tristesse. Et dans son esprit va germer une idée étrange... celle de convier à sa table des invités d'un genre un rien particulier...
Voilà un album qui porte bien son nom. La sensation qu'il peut nous laisser est étrange.
L'univers est fantastique, se rapprochant un peu de L'étrange noël de Monsieur Jack. La magie est palpable dès les premières lignes. Et la tristesse latente et quasi constante pendant tout l'ouvrage est portée par une improbable poésie. Et cela fonctionne.
L'hésitation de savoir si on peut laisser librement ce livre à un enfant peut être réelle. L'histoire d'Arthur est si triste au fond. Elle représente un peu ce que peuvent redouter de pire tous les enfants du monde. Au final, la morale est positive certes, puisque pour qui y croit, pour qui le veut vraiment, et pour qui aime sincèrement, les morts ne le sont peut être pas tout à fait. Il en reste toujours une trace, un fantôme, un sentiment... Mais un enfant peut-il si aisément comprendre cela ? Peut-être oui, nous sous-estimons parfois la capacité de nos enfants à entendre les choses. Peut-être qu'un accompagnement sera aussi nécessaire. Mais la magie et la vraie poésie de ce livre le rendent un peu irréel, et vraiment très beau.
Les illustrations servent à merveille cette ambiance. Les traits anguleux, la quasi monochromie des images, le manque quasi permanent de luminosité... N'est il pas curieux de constater que les seules couleurs lumineuses de ce livre sont celles illustrant les fantômes des parents d'Arthur ?
Une réussite pour moi. A prendre avec délicatesse et sensibilité.
