Nous sommes dans la cour d'entrée du magnifique château des Rotheneuf. Un voleur des environs est amené à Hercule de Rotheneuf, le seigneur des lieux. Des pièges à lapins sont posés sur ses terres, et le voleur pense maintenant sincèrement qu'il va mourir. Le vieux Rotheneuf a la réputation de n'avoir aucun cur, et même s'il ne tue pas le voleur en question, la leçon le poursuivra toute sa vie.
L'instant est d'ailleurs plutôt difficile pour Hercule Rotheneuf : son médecin lui a annoncé sa mort prochaine. Tantôt, tout va bien, et de temps en temps, de fortes douleurs à la poitrine surviennent, et auront bientôt raison du maître des lieux. Le fait de culbuter les servantes ne favorisant pas la maladie, le vieil Hercule se tourne vers ses enfants, des êtres cupides et avides du futur héritage qu'ils ne manqueront pas de toucher.
Mais c'est compter sans Soizik, qui arrive avec Gwémon et Konan, tout droit des bords de mer. Soizik a toujours le collier des Rotheneuf avec elle, et cela lui permet de se faire passer pour Aurore, la petite-fille d'Hercule de Rotheneuf, une gamine qui a vécu aux Antilles et qui a péri avec sa mère dans le naufrage d'un navire, près de la côte. Soizik a pu tomber sur tout le courrier et la correspondance qui existent entre la mère d'Aurore, et les Rotheneuf qui sont restés sur le continent, le tout grâce à Hermine.
Et ce cinquième tome sera l'occasion à présent d'en savoir beaucoup plus sur cette haine familiale qui oppose depuis plusieurs générations maintenant les Porphyre et les Rotheneuf, notamment avec ce combat entre Hercule et Hyacinthe, qui a valu à ce dernier de perdre un oeil. Balac entame donc ici un second cycle pour cette série, après les naufrages, les pieuvres, et les grottes secrètes qui ont fait le succès du premier cycle.
Exit ici les paysages marins et la côte bretonne : nous sommes plus dans les terres, aux environs de Saint Malo, et Balac (plus connu sous le nom du fameux Yann !) a l'occasion de mettre de l'originalité dans son récit aux humeurs bretonnes. La tension est vite palpable entre Soizik et ses amis d'un côté, et les autres enfants Rotheneuf de l'autre. Les questions sur le passé d'Aurore et de sa mère fusent, et il deviendra vite difficile à Soizik de simplement broder autour de ce qu'elle a juste lu dans quelques lettres.
Heureusement, Yann travaille à fond la personnalité d'Hercule de Rotheneuf. Le vieux taureau est implacable, certes, mais il apprécie la fraîcheur et les réponses de celle qui dit être Aurore. Après tout, la fin est proche, et le vieil homme aimerait redonner un peu de sang neuf au futur de sa famille.
Graphiquement, Panotte continue à nous enchanter : les décors sont bien souvent de toute beauté, notamment lorsqu'il y est question d'architecture, et Soizik est ici parfaitement mise en valeur. La petite fille des côtes a pris une assurance incroyable (peut-être même un peu trop, et en peu de temps !) qui lui donne une allure princière, et ses expressions et allures sont parfaitement rendues.
Un second cycle qui constitue une bonne suite à ce qu'on pouvait voir jusqu'à présent, même s'il restera en dessous de tout ce qui peut se faire autour de Sambre, une autre série scénarisée par Yann.