Une jeune avocate, Tessa, est retrouvée morte dans un hôtel de Nairobi en compagnie d'un de ses amis, médecin. Son mari, Justin Quayle un diplomate britannique, se rend à Nairobi afin de comprendre pourquoi sa femme est morte et qui l'a tuée. Il comprend alors très vite que la mort de sa femme est due à l'enquête qu'elle effectuait sur les grandes firmes pharmaceutiques présentes en Afrique. Justin décide de reprendre l'enquête de sa femme, même s'il doit se heurter à ses supérieurs et à l'hostilité des firmes au Kenya.
Première fois dans le roman d'espionnage : j'ai bien lu un ou deux Ian Fleming mais en diagonale, alors pourquoi ne pas reprendre avec un maître du genre et un de ses best seller. D'autant qu'autour de moi, j'ai entendu plein de bons avis sur ce livre en particulier. Certains ont vu le film, d'autres lu le livre et tous m'en ont dit du bien. Du coup je me suis laissé tenter.
Et là on touche le bon, le très bon même. L'histoire est très intrigante et très intéressante. On s'attaque ici aux lobbies pharmaceutiques et à l'immoralité de ces groupes. Attitude paradoxale car par définition la pharmaceutique est là pour guérir et sauver des gens, pas les rendre malades et les faire mourir. C'est peut-être ma naïveté ou mon utopisme qui parlent, je ne sais pas, quoiqu'il en soit l'histoire est vraiment prenante et on suit avec attention tous les petits indices mis par-ci par-là. C'est ce que j'ai aimé dans ce livre : l'histoire prend son temps, elle s'installe petit à petit. Alors oui, ça peut rebuter quelques lecteurs mais ici la narration est vraiment bien faite et on attend patiemment que l'histoire se révèle. C'est un roman dans le plus pur style du roman policier, avec ses fausses pistes et ses complots.
On y vit aussi l'histoire d'un homme amoureux d'une femme plus jeune que lui, qui se bat pour ses idées. C'est un peu l'histoire de la rédemption d'un homme, qui faute d'avoir pu sauver sa femme, finit le travail très important qu'elle a commencé. J'ai bien aimé cette vision onirique de leur amour, un peu fantasmé aussi. L'homme marchant dans les pas de sa femme, unis dans un but commun.
Plus important encore, c'est l'histoire violente que Le Carré a décidé d'entreprendre avec ce livre. C'est une belle façon de dénoncer les lobbies pharmaceutiques en Afrique noire, on peut y voir une sorte de néo-colonialisme et cette image maintes fois vue du bon blanc venant en aide à ce pauvre noir, blanc qui d'ailleurs l'empoisonne et le tue et donne une belle définition du « bon ».
Une belle histoire encore une fois, bien écrite avec dureté et réalisme. Mais une histoire hélas mal servie par le format dans lequel elle est présentée. Ce format, c'est l'ultra-pocket et je dois dire que j'ai détesté. Pas pratique, à part pour lire aux toilettes. J'ai testé la lecture partout et ça n'est quasiment nulle part pratique. De plus la qualité du papier laisse franchement à désirer : j'ai arraché sept pages en lisant le livre. J'ai l'impression d'avoir eu entre les mains un texte imprimé sur du papier à cigarettes très fin. C'est d'ailleurs à cause de ce point que je ne mettrais pas de coup de cur à ce livre.
L'histoire est magnifique mais mal servie par ce format d'édition.