Les Chroniques de l'Imaginaire

Les derniers parfaits - Beorn, Paul

Sans perdre de temps, le roman commence en pleine action : quatre prisonniers enchaînés ensemble réussissent à se détacher du groupe de prisonniers qui avançait péniblement sur le champ de bataille.
On est en plein conflit entre Franques et Catharis.

Les quatre prisonniers se sauvent dans les bois, et, une fois à l'abri du danger, essaient de rompre les chaînes de ce métal noir si particulier. En vain. Les chaînes sont de fabrication catharis, et donc absolument indestructibles car protégées par une magie très puissante.
Ils vont donc devoir rester ensemble pour affronter de multiples dangers.
Cristo est un jeune homme courageux et vaillant, qui va vite devenir le meneur de la bande. Luquet, jeune troubadour blondinet, est plus peureux, craintif, et il n'a qu'une envie : briser les chaînes qui le relient aux trois autres.
Haveron est un homme costaud, secret, vite baptisé l'Ours par ses comparses d'infortune.
Quant au dernier, surnommé Mousse, la surprise sera de taille pour les trois compères car ils vont vite se rendre compte qu'il s'agit d'une femme.

Dans ce monde-là, chacun naît avec une petite magie. En général, cette magie sera associée à un animal, pour que son heureux possesseur puisse bénéficier des savoirs de l'animal en question. Ainsi, Haveron possède la magie de l'ours, ceci n'a été un secret pour personne.
Mousse va rapidement révéler sa magie, beaucoup plus rare : chimère. Elle peut, grâce aux pouvoirs de ce petit animal, faire croire aux autres qu'ils voient autre chose que la réalité. Mais elle ne possède pas que cette magie en réalité.
Quant à Cristo, sa magie est encore plus puissante, et va leur être d'un très grand secours tout au long de leurs dangereuses aventures.

Leur monde est en danger, Cristo décide de partir en Hispania prévenir le prince qu'il doit vite rentrer au pays pour combattre le roi Lobogre.
Les trois autres sont bien obligés de le suivre puisque leurs chaînes sont indestructibles.

Je l'avoue, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, tant le démarrage est brutal. On se trouve projeté dans un monde inconnu, en pleine bataille, sans trop comprendre ce qui se passe.
Mais passé cette première réticence, j'ai vite été happée dans les aventures des quatre compères, dès qu'il a été question de la fameuse "maison de la jeunesse", terrible institution condamnant les femmes à un sort abject.
Le roman est une suite d’évènements très rythmés, avec énormément d'actions qui s’enchaînent à un rythme effréné. Heureusement, l'auteur nous ménage quelques moments de calme pour souffler un peu avant de repartir à l'assaut d'une forteresse, ou sur un bateau en perdition, ou dans une cité perdue.
Le style est très visuel, très imagé. Il est très facile de visualiser les scènes, les personnages, les combats.
La magie est présente, mais sans exagération, juste ce qu'il faut.

Même si je n'ai pas toujours bien compris la teneur des enjeux guerriers (qui combat qui, pourquoi), j'ai beaucoup aimé ce roman de fantasy empli d'actions, de personnages attachants, de situations originales.
A noter cependant que c'est une fantasy un peu sombre, tant la cruauté du roi Lobogre est violente. Le sort réservé aux femmes (et aux hommes aussi !) dans ses maisons est terrible, mais finalement pas si éloigné de la vérité que cela, si l'on pense aux Lebensborn de la Seconde Guerre Mondiale.

Petit détail qui peut avoir son importance : je déplore la petitesse de la police utilisée pour cette édition. Pas toujours facile à lire ! Il aurait été préférable d'écrire plus gros, avec quelques pages supplémentaires.

De même, les dialogues en langue catharis, avec traduction en bas de page, me semblent inutiles, et coupent le rythme de la lecture. D'autant qu'on comprend vite le catharis, tant il est proche de notre français actuel.

Mais ce ne sont que de petits détails, et cela ne m'a pas du tout empêchée d'apprécier ce roman car j'ai passé un agréable moment en sa compagnie.