Dans sa jeunesse, pendant les années soixante, le narrateur s'est trouvé mêlé à un groupe louche de personnes, réunies à l'Unic Hôtel. En fait, il est tombé amoureux de Dannie, et il l'a suivie. A l'Unic Hôtel, dans ses pérégrinations parisiennes, dans un appartement où elle a habité naguère, dans une maison à la campagne, tous ces lieux dont il ne s'étonne pas vraiment qu'elle ait les clés. Cela lui vaudra même d'être interrogé, Quai de Gesvres, quand leurs errances nocturnes les amènent à fréquenter "le 66", un bar surveillé par la police.
Avec ce voyage dans son propre passé, à la recherche de son temps perdu, l'auteur convie le lecteur à l'accompagner dans un Paris onirique, à demi perdu lui aussi, où tous les repères importants de son histoire sont gommés (bars, hôtels, restaurants, et jusqu'aux bancs publics) et dont on n'est jamais très sûr de n'être pas dans un rêve. L'auteur nous en prévient d'ailleurs dès la première phrase.
L'intrigue, aussi sordide que les pâles personnages qui la peuplent, vaut moins que la façon dont elle est racontée. L'écriture, allusive, est en effet fascinante, l'auteur réussissant le tour de force de donner du corps à cette ambiance de touffeur silencieuse qui régnait pendant la guerre d'Algérie (dont le nom, contrairement à celui du Maroc, n'est jamais prononcée).
Découvrir ce texte en audio-livre peut permettre aux parisiens de l'écouter sur les lieux même qu'il évoque, ce qui est un plus indéniable. A ce propos, il convient de dire que c'est un roman où les lieux sont très importants, il sera donc d'autant plus apprécié par les lecteurs connaissant très bien la capitale.