Les Chroniques de l'Imaginaire

Terr, sauvage (Oms en série - 1) - Morvan, Jean-David & Hawthorne, Mike

Que les lecteurs qui fuient la science-fiction ne se laissent pas effaroucher par la couverture très Out of Space de Terr, sauvage (très joli jeu de mot pour ce premier tome d’OMS en série) ! Les romans de Stefan Wul sont de la SF, certes, mais de la SF qui se passe à notre portée, la plupart du temps sur ce qu’il reste de la planète Terre, ou dans un univers qui se rapproche fortement du nôtre. Pas de vaisseau spatial, pas de guerre des mondes, juste des peuples, étranges ou connus, qui vivent leur vie de tous les jours. Et une chose est sûre : la collection Les Univers de Stefan Wul d'Ankama et Comix Buro respectent les romans qu'elle redessine.

Cases vertes, vastes, puis petites et saccadées. Un humain apparaît, et un deuxième. Ils évoluent à pied, leur périple semble compliqué. Le décor est gigantesque. Heureusement la zone n’est pas sécurisée, « la société draag est tellement sereine ». Vaillant accompagne Terr dans la mission qu'il s’est fixé : il veut à tout prix retrouver sa mère. Les souvenirs qu'il garde de l'omerie où il est né le mènent à bon port. Mais sa mère ne le reconnaît pas.

Flashback. Les draags sont des créatures étranges, humanoïdes, à la peau turquoise. Yeux rouges, dents pointues, oreilles en nageoires, et combinaison de plongée, voilà le draag vu par Mike Hawthorne. Tiwa vient avec son père rendre visite à Faoz, éleveur d’oms. La femelle om de Faoz vient d’avoir des jumeaux. Et les jaunes de pure race sont des perles rares. Le petit om n’est pas encore sevré, Tiwa ne peut pas l’emporter tout de suite. Heureusement une journée draag correspond à quarante-cinq journées oms, elle pourra donc venir le chercher dans quelques jours.
Tiwa est une bonne maîtresse, elle aime son nouvel animal de compagnie qu'elle a appelé Terr (abréviation de Terrible). Elle l’emporte partout avec elle, même quand elle étudie ses leçons. Il faut lui acheter un collier pour que le petit om intrépide ne s’éloigne pas trop. Magnétique, synchronisé avec le bracelet de Tiwa, ce collier créera une relation particulière entre les deux personnages.

Un univers hyper technologique, avec des « salle[s] de nature » pour ne pas laisser entrer la campagne sauvage de l’extérieur, voilà le décor des premières pages d’OMS en série. Les teintes vertes et aubergine dominent les planches. Deux espèces distinctes, deux types de représentations : les oms, très semblables aux humains que nous connaissons, les tenues vestimentaires barbares en plus, et les draags, longilignes d’un aspect plus démoniaque visuellement, mais finalement non dénués d’une certaine humanité d’allure et de caractère. Une représentation très réussie de cette dualité de cultures et de populations.

Jean-David Morvan rend très bien, à mon sens, l’ambiance qui règne au sein de la société draag. Mais pour moi le roman de Stefan Wul est avant tout basé sur la vie et les ressentis d’oms dissidents, échappés de leurs omeries. La première moitié de Terr, sauvage est presque un peu trop centré sur la jeune Tiwa et le mode de vie draag. Mais le scénario se réoriente pour mon plus grand plaisir dès le milieu de la bande dessinée avec l’apparition des autres oms sauvages.

Finalement le seul reproche que je pourrai faire à ce scénario, c’est d’avoir dû respecter les limites posées par le médium. Dans son roman, Stefan Wul réussit à préserver longtemps un suspense sur l’identité de ces oms, et le lecteur ne comprend qu'assez tard que les oms domestiques sont en fait des hommes. Il est malheureusement impossible de laisser le moindre doute sur l’espèce des personnages quand on travaille avec du visuel. Dommage bien qu'inévitable...

Cependant le travail de Morvan et Hawthorne reste une vraie réussite toute en illustrations. Peu de bulles et de blabla inutiles, uniquement finesse, suggestion, et sobriété. Bienvenue chez Stefan Wul !