Les Chroniques de l'Imaginaire

Sympathies for the devil - Day, Thomas

Un héros sanguinaire dont la veste est ornée de jambes et de bras d’enfants desséchés, une humanoïde-amphibie spécialiste en désinfection musclée, des fillettes abandonnées auprès de parents non-morts, un tueur drogué jusqu’à la moelle et Loki le dieu fou, tels sont les personnages principaux de cinq des six nouvelles que Thomas Day a regroupé dans Sympathies for the devil. Auprès d’eux, l’envoyé de l’ONU qui quitte sa femme pour une autre après avoir été muté pendant des semaines en Mongolie apparaît presque comme sympathique.

Le titre l’annonçait clairement. Le diable est partout. Mais il peut être attirant. Ou pas, cela dépend des fois. Les plus grands monstres peuvent cacher de meilleurs sentiments et une trop grande couche de normalité dissimule en général les plus effroyables atrocités.
Prenons l’exemple de Paul of Perth. Il est le baron le plus craint de tout le Nord de l’Angleterre. Mais il accède néanmoins aux volontés de sa reine quand celle-ci lui demande de sacrifier sa vie pour sauver un monde qui se transforme en Forêt de Cendres.
On peut même être junkie et assassin sans en avoir réellement fait le choix conscient, juste en se laissant porter par son instinct. Le seul but de Darrell dans la vie était d’être un Prince respecté dans son quartier. Mais il a rencontré Li, une criminelle sans limite, qu’il a aimée, qu’il a fini par battre tous les jours et que, d’une certaine manière, il a tué. Mais elle l’avait entraîné dans les bras de Big Mama, une étreinte dont on ne ressort pas, surtout lorsque l’on a commis L’Erreur.

D’autres ont été changés par la vie. Nausicaä, parfaitement maîtresse de La Mécanique des Profondeurs dans les eaux d’Amsterdam, aurait très bien pu avoir une vie normale. Si seulement on ne l’avait pas traitée toute sa vie de phénomène dénaturé sous prétexte qu’elle est à moitié poisson… Et son passif ne joue pas en sa faveur : être la fille d’un tueur en série qui tue des jeunes filles grâce à un tatouage n’est pas forcément le meilleur moyen d’être saine d’esprit.

Mais certains restent humains malgré tout. Ismaël Kashoggi cache ses bonnes intentions derrière des termes affolants : La notion de génocide nécessaire, rien que ça. Mais il finira par trouver une solution pour sauver les Mongoles nomades d’une sédentarisation qui aurait achevé leur peuple. Pour ça, il aura accepté de sacrifier la vie confortable et sans reliefs qu’il partageait à Paris avec sa famille.

En résumé, Thomas Day présente ici un recueil de textes durs, magnifiquement écrits, plus ou moins réalistes, qui signent la fin des mondes, ou leur commencement. Une œuvre pleine de surprises qui provoque parfois une sorte de fascination dégoûtée plutôt agréable. A recommander à tous les rassasiés de bons sentiments qui, de temps en temps, auraient bien envie de voir plus de réalisme et de sang dans leur littérature.