Les Chroniques de l'Imaginaire

Le polygame solitaire - Udall, Brady

« Pour le dire le plus simplement possible, c’est l'histoire d'un polygame qui a une liaison. ». C'est ainsi que s'ouvre le récit de la vie de Golden Richards et de sa nombreuse famille. L'homme est un mormon polygame, époux de quatre femmes et père d'une tribu de vingt-huit enfants. Tout ce petit monde cohabite tant bien que mal, chacun cherchant sa place au sein d'une communauté dont le pilier central est un homme, ni parfait, ni extraordinaire mais un homme simple qui fait du mieux qu'il peut. Et en ce moment, cet homme doute.

Le polygame solitaire est le récit d'une famille somme toute ordinaire, si on excepte le nombre d'épouses et d'enfants. On navigue entre les souvenirs et le présent de différents personnages au fil de l'histoire, servie par un style fluide et agréable à lire.

L'auteur connait son sujet puisqu'il a grandi au sein d'une famille polygame et il nous en offre une image ni édulcorée ni racoleuse mais juste. Le père n'est pas un extrémiste de la cause mais un homme que les évènements ont amené à assumer un rôle central au sein de la communauté, sans qu'il ne semble l'avoir ni choisi ni voulu. Il se contente de subir les choses. Les épouses et les enfants tentent eux d'exister en tant qu'individus et non partie d'un vaste groupe, ce qui entraîne son lot de jalousie, déception, manipulations etc. Et finalement, on se rend compte très vite que les mêmes soucis et problèmes existent au sein des familles traditionnelles. C'est donc l'histoire d'une famille, extraordinaire par la forme mais tellement ordinaire par le fond, qui doit faire face aux mêmes écueils et aux mêmes joies qu'une famille classique.

Même si Brady Udall possède un talent de conteur indéniable, j'ai fini par m'ennuyer au fil des pages. Impossible pour moi de ne pas comparer cette famille avec celle de la série Big Love sauf que les personnages ne dégagent ni le même charisme ni la même force. Il m'aurait peut-être fallu un oeil neuf pour pleinement apprécier ce récit qui ne manque pas de charme mais où tout se déroule trop lentement, trop platement à mon goût.

Je retiendrais donc une saga familiale sympathique, quoiqu'un peu longuette, qui nous offre une immersion intéressante dans le quotidien d’une communauté souvent pointée du doigt mais dont on sait peu de choses en dehors des images scandaleuses véhiculées par les médias.