Albert Paillon est un escroc qui profite du confort des cachots d'Ankh-Morpork. Il passe ses journées à user une cuillère sur les joints des moellons de sa cellule jusqu'au jour où Tambourinoeud, le secrétaire personnel de Vétérini, lui annonce qu'il va être pendu dans la demi-heure.
La corde au cou, un ange (calculateur, manipulateur, retors et tyrannique, cela va de soi) viendra sauver de justesse Moite von Lipwig (précédemment connu sous le nom de feu Albert Paillon) d'un bris de nuque salvateur. Cet ange est le seigneur Vétérini en personne. Il désire offrir une nouvelle chance à Lipwig et mettre son indéniable talent d'organisateur et de beau-parleur au service de l'Etat. Vétérini nomme Moite von Lipwig ministre des postes et rouvre la poste. Prévoyant, Havelock Vétérini lui adjoint monsieur Lapompe et le charge de veiller à la sécurité du nouveau receveur de la poste, les quatre précédents étant morts dans des circonstances troubles.
Le seigneur d'Ankh-Morpork souhaite, ainsi, offrir une saine concurrence sur le marché des services de communications, monopole actuel de la compagnie des Clacs dirigée par Jeanlon Sylvètre, un financier physiquement proche du pirate. Cette société, jadis à la pointe du progrès, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle verrouille le marché usant de manières vaguement légales et n'offre qu'un service défaillant et onéreux.
Pour relancer la poste, Lipwig va pouvoir compter sur une équipe de choc, les deux derniers fonctionnaires oubliés dans le bâtiment en ruine, le préposé novice Liard et Yves, un mordu d'épingles. Le suicide n'est, malheureusement, pas une option, monsieur Lapompe veille.
Après nous avoir offert les adaptations du Père Porcher et des deux premiers livres des Annales du Disque-Monde (La huitième couleur et Le huitième sortilège), Sky1 revient avec le téléfilm sur Timbré, un des meilleurs derniers romans de Pratchett, doté d'un personnage très amusant, l'escroc (presque) repenti, Lipwig et le présente sous la forme d'une mini-série de deux épisodes.
Les versions télévisées du Disque-Monde s'améliorent à chaque fois. Le rendu visuel y est pour beaucoup, Ankh-Morpork est réaliste et réussie. Elle ne donne pas une impression de décors bon marché ou d'effets spéciaux bas de gamme comme on pourrait le craindre pour une série à faible budget. Jon Jones et son équipe ont très bien travaillé.
De plus, les acteurs sont, physiquement, très proches de l'image que j'en avais en lisant le roman et leur jeu correspond à mes attentes. A l'exception des cheveux clairs de Vétérini mais ce fait est rapidement pardonné par le talent de Charles Dance, terrifiant et glacial.
L'univers de Pratchett est respecté et mis en valeur par leur interprétation. J'ai trouvé l'énergie de Lipwig (Richard Coyle) absolument éblouissante et mademoiselle Chercoeur (Claire Foy), particulièrement adorable dans son rôle.
Bien sûr, le téléfilm ne met pas en images page par page le roman. Jon Jones et ses scénaristes Kurti et Doyle ont mis Adora Belle Chercoeur en évidence et ils se sont concentrés sur la rivalité entre Lipwig et Sylvètre. A l'opposé, quelques scènes ou personnages passent à la trappe, la société secrète des facteurs, la machine magique trieuse de courrier, l'équipe de choc de conducteur de diligences,... Cela ne gâche en rien le plaisir de le regarder même si vous avez lu le bouquin. Je le recommande aux connaisseurs du Disque-Monde.
Enfin, la version française (doublage complet) est excellente et en adéquation avec le roman. On retrouve la patte du traducteur habituel, Patrick Couton.
En conclusion, c'est une très bonne adaptation de Timbré qui prouve à nouveau le talent britannique pour ce genre de chose. J'ai hâte de voir le suivant (Allez les mages!) prévu pour 2013.