Garris (Jacques Gamblin) et Riton (Jacques Villeret) cueillent du muguet pour aller le vendre le lendemain. Nous sommes le premier mai 1932 quelque part dans la France rurale. Garris, Riton et sa famille vivent au bord d'un étang, en marge de la société.
Garris y est arrivé en 1920 après avoir été démobilisé, il est toujours traumatisé par la grande guerre. Riton vivait déjà là depuis longtemps. Il ne se remet pas du départ de Pamela, sa première femme, il est alcoolique, fainéant et s'est remarié avec Emilie, avec qui il a trois enfants. Cri-Cri la petite dernière a cinq ans et elle est la narratrice du film.
Nous partageons l'année 1932 avec eux. Ils vivent de petits boulots et de pêche, Garris est aussi fiable et sérieux que son ami l'est peu. Ils sont aussi liés à Amédée (André Dussolier), un rentier qui vient souvent les visiter au bord du marais. Ils rencontrent Pépé (Michel Serrault), un riche industriel venu du marais et qui y revient un jour avec son petit fils pour jouer sur l'étang. Ils deviennent amis.
Il y a assez peu d'action dans ce film, on assiste à la vie ordinaire de ces personnes plutôt marginales, à leurs rencontres. Ils mènent une vie simple centrée sur leur amitié et les rencontres avec d'autres personnes.Ils tiennent à leur liberté, ils se définissent d'ailleurs comme les derniers hommes libres. Les paysages sont magnifiques, les personnages très touchants et ce film est un vrai bijou, plein de tendresse et de poésie.
Les évènements extérieurs sont à peine évoqués comme l'ascension d'Hitler. Le film évoque plutôt une sorte de paradis perdu qui sommeille au fond de chacun de nous, mais un paradis fragile puisque c'est quelque part une oasis entre deux guerres. Garris est marqué de façon indélébile par la première guerre mondiale et Cri-Cri nous apprend à la fin du film que son père est mort à Lyon dans un bombardement en 1944. Mais entre ces deux horreurs, il y a ce trésor de liberté, d'amitié et de tendresse.
La musique de Pierre Bachelet accroît encore la dimension nostalgique de ce magnifique film, que j'ai vu un très grand nombre de fois sans me lasser.