Les Chroniques de l'Imaginaire

3 villes, 3 sadiques, 3 enquêtes - Prescott, Michael

Ce recueil nous permet de découvrir trois romans de Michael Prescott. Trois univers différents, mais toujours dans le même genre.

Dans L'arracheur de visages, Elizabeth Palmer est une jeune femme en fuite. Son passé ne cesse de la rattraper, mais elle compte bien agir pour le bien des autres. C'est ainsi qu'elle se lance à la poursuite de John Cray, un psychopathe qui chasse les femmes comme un lion chasse du gibier. Celle-ci est persuadée que John est le tueur qui sévit depuis quelque temps à Tucson et elle est bien décidée à l'arrêter. Ce qu'elle ignore cependant, c'est que John, qu'elle connait depuis des années et qui fait partie de son passé, est bien décidé à la faire taire le plus vite possible et qu'il a décidé lui aussi de la traquer. L'agent Roy Sheperd aura bien du mal à mener l'enquête à son terme, surtout lorsque deux suspects aussi différents se battent en un duel qui ne cessera peut-être jamais.

Ce premier roman contenu dans l'intégrale de J'ai Lu m'a vraiment plu. Je m'attendais certes à quelque chose de plus violent, mais une fois passée cette petite déception, j'ai été scotchée par l'histoire et la traque de nos deux héros. Dès le départ, l'auteur met carte sur table. On sait donc que John est un tueur et qu'il chasse les femmes pour leur enlever leur masque et découvrir ce qu'elles cachent derrière. Très vite aussi on découvre que nos deux « héros », Elizabeth et John, sont liés par leur passé et par une personne qui les unit tous les deux. Aussi leur désir de traquer l'autre n'en est que plus fort.

Très vite, le roman prend une tournure pour le moins inattendue et on assiste impuissant à la découverte par le policier des preuves qui vont à l'encontre d'Elizabeth, mais aussi de John. Et tout laisse à croire qu'ils ont chacun quelque chose à se reprocher !

D'ailleurs, l'auteur a réussi à dresser des caractères vraiment différents pour nos personnages. Elizabeth, jeune femme qui fuit depuis plus de vingt ans la police et qui est la reine des caméléons va prouver une fois de plus tout son courage. Son passé est difficile et elle a vécu des périodes très dures. Peu à peu on sent pourtant qu'elle va lâcher prise. Elle est lasse de toute cette histoire, mais son instinct de survie va prendre le dessus. John m'a aussi bien plu, il est sombre, solitaire, ne croit pas en l'humanité et surtout il n'a aucune confiance en les femmes. Sa seule vraie relation c'est avec un homme, celui qui lui a appris la chasse et dont il cherche à poursuivre l'œuvre.

Un thriller efficace jusqu'au bout où on attend le dénouement avec impatience pour voir qui d'Elizabeth ou de John vaincra et survivra ! Une excellente course à la vérité que nous offre Michael Prescott.

La prochaine victime met en scène l'agent du FBI Tess Mc Callum. Cette dernière tente de stopper un serial killer dont le surnom est Mobius. Ce dernier séduit des femmes célibataires et après un rapport intime les attache avec du scotch sur les barreaux du lit, puis leur tranche la gorge, de manière à ce qu'elles mettent du temps à mourir. Mais si Tess souhaite à ce point l'arrêter, c'est parce que ce même tueur a tué son ancien coéquipier du FBI avec qui elle avait une relation. Lorsque enfin on pense l'avoir arrêté, Tess va découvrir que sa cible détient un pouvoir énorme sur la vie de milliers de gens.

Ce second roman m'a moins plu. Je l'ai trouvé beaucoup plus lent et plus long. Il partait un peu dans tous les sens, semblant échapper à tout fil conducteur. Ce qui est bien dommage, c'est que l'ensemble nous laisse présager un thriller sombre, angoissant et très violent, or je l'ai trouvé très soft, très léger et sans aucune séquence d'horreur. C'est beaucoup de discours, de recherches de preuves, mais très peu d'action que nous offre l'auteur dans cet autre roman.

L'enquête avance lentement et on suit trop de personnages, à la fois à cause de deux enquêtes majeures qui très vite vont se rejoindre et c'est là, je pense, l'erreur de l'auteur. Il a voulu en plus de son serial killer ajouter un virus mortel qui risque de tuer bon nombre de personnes et c'était du surplus. Le roman sans cela aurait été moins indigeste et moins long, du coup l'impact du rebondissement final aurait été plus important et réussi pour les lecteurs. Là, on a une accumulation qui nous perd et nous empêche d'apprécier l'intrigue.

J'ai eu plus de difficultés à m'attacher aux personnages et à l'aboutissement de l'enquête sur ce tueur en série sadique. Il manque vraiment une profondeur dans l'ambiance pour rendre ce thriller malsain comme le suggéraient la couverture et le résumé.

En bref, ce fut une déception pour ma part.

Le goût mortel de la pluie remet en scène Tess Mc Callum, l'agent du FBI qui avait stoppé le tueur en série Mobius. Elle est contactée quelque temps après pour aider dans l'enquête de Rain Man, un tueur en série qui kidnappe les femmes, leur fait écrire une demande de rançon et les menotte dans des égouts, là où sont évacuées les eaux de pluie, d'où son surnom. Très vite, Tess, aidée d'Abby Sinclair, une consultante en sécurité avec une manière de procéder pour le moins peu conventionnelle, va se rendre compte que ce nouveau tueur en série en sait beaucoup sur elle et Mobius. Elle va comprendre peu à peu que le coupable a comme Mobius des informations sur elle et sur l'enquête. Ce nouveau tueur serait-il aussi quelqu'un de proche ?

Ce troisième roman m'a un peu plus plu que La prochaine victime, même si je l'ai trouvé aussi très lent. Chaque fois les prologues nous mettent l'eau à la bouche et au final on se rend compte que le reste de l'intrigue n'est plus qu'enquête et déductions de nos héros pour arrêter ce tueur. On va y suivre deux jeunes femmes qui n'ont pas leur langue dans leur poche et qui sont indépendantes dans le sens où elles ne vont pas demander de l'aide et préfèrent agir par elle-même. Au début du roman, le tueur désigne les femmes comme le sexe faible, mais tout le reste nous prouve l'inverse. Les femmes sont devenues fortes et courageuses et une fois de plus, ce sont elles qui résolvent des enquêtes et arrêtent les tueurs.

La plus grande qualité de ce roman, c'est que l'auteur joue avec nos nerfs et nous lance sur de nombreuses pistes et il nous faut réfléchir et comprendre si on est sur le bon chemin ou pas. Dans Le goût mortel de la pluie, j'ai ressenti une petite lassitude comme dans La prochaine victime. Arrivée à un stade de ma lecture, je m'ennuyais et j'en avais assez de ne pas avoir d'informations, parce que ça a rendu la lecture laborieuse. Le passage dans les égouts à la fin m'a beaucoup plu, mais c'est dommage de voir que mon intérêt s'est réveillé uniquement lors d'un passage final. Cependant, il est indéniable de noter que Michael Prescott sait ce qu'il fait et sa plume est agréable, même si le tout est très lent, bon nombre de lecteurs accrocheront, surtout ceux qui ne recherchent pas du gore et de l'horreur, mais davantage une enquête.

Au final, ce recueil de trois romans me laissait penser que j'allais vraiment passer un super moment, mais l'emballage appétissant n'en rend la lecture que plus décevante. C'est lent, long, parfois un peu trop décousu. En bref, pas de coup de cœur pour ma part. Même si le premier roman m'a bien plu, la suite n'a pas été à la hauteur de mes attentes.