Didier est un boucher absolument passionné par son métier. D'ailleurs, il faut bien reconnaître que dans le village, les clients le lui rendent bien. Didier est toujours affable, de bon conseil, et pourtant, ce personnage débonnaire également fan de bande dessinée a un lourd secret. Sa femme, Sandrine, le trompe avec Eric, leur meilleur ami. Et Didier le sait. Il les a surpris durant les vacances de l'année dernière, au camping.
Alors, Didier est maintenant décidé à passer à l'acte. Pas en s'en prenant à Sandrine, qu'il aime trop, mais bel et bien en s'en prenant à Eric. C'est en lisant une vieille bande dessinée de Gil Jourdan que Didier a eu l'idée. Les prochaines vacances se dérouleront en Vendée. Près de Noirmoutier pour être exact. A cet endroit, il y a une île qui ne peut être jointe en voiture que quelques heures par jour, avant que la marée ne surprenne les voyageurs imprudents. Un lieu idéal pour un crime parfait...
Durant les vacances en question, Didier sait tout, évidemment. Il fait tout pour que Sandrine et Eric ne soient jamais seul. Tout, jusqu'à ce que les deux hommes se retrouvent seuls, à aller faire un petit tour en voiture. Entre copains...
Les éditions Futuropolis ont l'habitude de sortir une pépite imaginée par Pascal Rabaté : on se souvient de Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune, Les petits ruisseaux ou encore La Marie en plastique. Rabaté est spécialiste dans la tranche de vie, mais pas n'importe laquelle. Celle avec du fiel, de l'acidité. Celle qui nous scotche quand on nous la raconte. Celle qui éveille le côté concierge de chacun de nous.
Et ce n'est pas ce Crève saucisse (quel titre magnifique !) qui va changer la donne. C'est Simon Hureau qui prend les crayons ici, avec un dessin vif, nerveux, de ceux qui mettent parfaitement l'accent sur les expressions et les mouvements, et qui favorisent à fond la lisibilité du livre. En bref, un dessin tout simplement parfait et délicieusement sobrement mis en couleurs par Claire Champion.
Vous l'aurez compris, on tient là un one-shot qu'il est impossible de lâcher avant d'en voir le terme, qui en passant est vraiment bien trouvé. Un hymne à la tranche de vie et aux amoureux du neuvième art !