Les Chroniques de l'Imaginaire

Bye bye, my brother (Bye bye, my brother) - Yanagawa, Yoshihiro

Nido était surnommé La Locomotive. Sur les rings, il était beau, grand et fort. Il avait tout pour réussir. Aujourd'hui, Nido vivrait dans la rue si un homme d'affaires plus ou moins véreux ne lui procurait pas un toit. Il voudrait faire plus pour Nido, parce qu'il est toujours un grand fan, mais Nido refuse. Nido récupère de vieux journaux dans les poubelles qu'il revend ensuite à qui veut bien les lui acheter. Il récupère à peine ce qu'il faut pour survivre, mais il n'en demande pas plus. Il faisait déjà ça, enfant, avec son petit frère Shirô. Nido et lui ont été abandonné par leurs parents ; un jour, ils ne sont pas revenus chez eux. Tout simplement. Pas un mot, pas une explication, juste l'absence. Nido a alors pris son petit frère sous son aile. Mais la revente des journaux ne suffisait pas pour les nourrir tous les deux. Aussi, Shirô est mort ; il s'est écroulé un jour dans la rue. Nido était seul. Et il trouva le salut dans la boxe. Jusqu'à ce qu'un jour quelqu'un le poignarde. Sa jambe fichue, il ne pouvait plus boxer et il est donc retourné dans la rue d'où il était issu. Mais un jour, Nido va rencontrer Jirô, un jeune homme qui pourrait ressembler comme deux gouttes d'eau à Shirô s'il avait grandi. Et Jirô est lui aussi boxeur. Nido va s'attacher à lui.

Avec cette histoire de famille et de fratrie décimée sous une forme animalière, Yoshihiro Yanagawa signe une histoire belle, poignante, sensible tout en étant dure et terrible. Son trait possède beaucoup de finesse et de justesse, faisant passer le manque d'arrière-plan comme naturel et justifié là où il aurait pu être une faiblesse. Ses chats sont plein de vie et de tendresse et j'ai adoré suivre le personnage de Nido. C'est un écorché que la vie n'a pas épargné mais qui ne s'en prend pas à tout ce qui se trouve autour de lui pour faire passer sa rage. Il la canalise pour donner du bonheur aux autres à travers la boxe. Mais c'est aussi un doux rêveur qui se contente d'une vie simple et qui est capable de trouver du bon dans un évènement insignifiant.

Autour de tout cela, il y a cette histoire avec le dieu de la mort. Il apparait dès le début du récit, et revient par moment. Il joue un rôle plus ou moins important, comme on le verra à la fin du récit ou dans l'épisode spécial. Malgré cette touche fantastique, j'ai trouvé que le récit était profondément ancré dans le réel. On notera aussi que, malgré un élément de fond qui est la boxe, l'histoire n'est en rien brutale ou violente. Du moins, pas physiquement. La violence, il faut surtout la chercher dans le départ des parents qui ont laissé leurs enfants se débrouiller seuls sans aucune autre explication. Était-ce délibéré ou ont-ils eu un accident ? Nous ne le savons pas, mais tout est fait pour qu'on croie que l'acte était volontaire.

Bye bye, my brother est une œuvre belle et sensible que je ne peux que vous recommander. Un bon et beau moment de lecture.