Les Chroniques de l'Imaginaire

Sanyanga (L'appel des origines - 3) - Callède, Joël & Séjourné, Gaël

En route vers le Sanyanga, la terre qui a vu naître l'origine des hommes, le cinéaste Spallding a trouvé la mort et ne pourra plus continuer le fabuleux documentaire sur l'expédition en cours à travers l'Afrique. L'expédition en question est meurtrie, bien sûr, mais elle décide de continuer tout de même sa route. Guidée par Hakeem et surveillée par l'oeil bienveillant de Djimoun, Anna a encore l'espoir de retrouver son père.
Anna est métisse. Elle vient du quartier d'Harlem à New-York, où elle a toujours connu sa mère noire, mais jamais son père blanc. Elle a appris que ce dernier est parti pour le Sanyanga, avec une expédition menée par Dickinson, depuis plusieurs mois. L'expédition n'a jamais donné de nouvelles depuis, et ce qu'Anna et les siens vont découvrir montrent bien que la mort a frappé l'expédition précédente.

Au fur et à mesure de l'avancée, le danger est de plus en plus palpable. Le son des tam-tam est de plus en plus inquiétant, et de nombreux porteurs préfèrent abandonner. Simon est toujours aussi épris d'Anna, et il est dévoré par la jalousie lorsqu'il voit celle qu'il aime se rapprocher de plus en plus de Djimoun. Un spectacle désolant s'offre bientôt à l'expédition, avec ce troupeau d'éléphants massacrés par des chasseurs blancs.
Les chasseurs en question s'invitent un soir, prétextant le manque d'eau et de vivres. Des hommes bêtes et méchants, très dangereux dans ce pays. Des hommes qu'Anna et les siens vont devoir tuer pour survivre. De quoi faire perdre à Anna une partie de son âme, même si c'était elle ou eux.

Et puis, le Sanyanga est bientôt atteint, lorsqu'un cadavre de l'expédition précédente est découvert. Un cadavre qui porte un carnet, au nom de Sullivan, un des participants à l'expédition de Dickinson. On y trouve une photo, où on voit distinctement le père d'Anna, un homme blanc à l'air affable et aventurier, qui servait de guide à cette expédition qui a diablement mal tourné.

Nous sommes bel et bien en Afrique, en plein safari, et même mieux que cela, avec ce troisième et dernier tome de L'appel des origines. Callède a depuis longtemps délaissé Harlem et ses boîtes de jazz, pour se concentrer dans des paysages magnifiques, tantôt désertiques, tantôt en pleine savane africaine. Les personnages ont encore une fois cette profondeur, et le personnage d'Anna n'est pas sans rappeler l'héroïne d'une très belle série comme India Dreams, par exemple.
Côté graphique, Gaël Séjourné (Jour J, Tatanka avec le même scénariste) et Jean Verney ont vraiment réussi à retranscrire ces paysages africains tels qu'on se les imagine : c'est beau, soigné, notamment au niveau des somptueux décors, et des animaux variés que l'on croise tout au long de ce tome. Un dessin qui fait également mouche avec les personnages, notamment avec la magnifique Anna, aux expressions très soignées.

Ce troisième tome n'est pas qu'un simple safari, c'est également un tome avec une très bonne fin, et une vraie histoire d'amour qui prend naissance dans ces lieux les plus reculés. L'appel des origines est une série qui mérite tout à fait d'être lue et relue, avec du fond et de la forme : qu'on se le dise !