Lucien Ginsburg est un jeune enfant dont le père veut qu'il apprenne le piano, même s'il n'en voit aucune utilité. Son père ne gagne pas sa vie en jouant, pourquoi est-ce que ça changerait pour lui ? Lui, ce qu'il souhaite, c'est dessiner. Alors qu'il est envoyé dans un internat pendant l'occupation allemande, il fait des dessins de femmes nues pour ses camarades. Une nuit, le directeur vient le réveiller pour qu'il s'enfuie dans la forêt, les allemands devant débarquer le lendemain pour une descente. Il va donc partir seul enfin, pas tout à fait puisque La Gueule, une grand silhouette avec un nez proéminent et des oreilles sur-développées, le suit dans son périple.
Ayant grandi, Lucien joue dans des piano-bars, principalement pour pouvoir continuer la peinture. Mais c'est bien dans la musique qu'il va évoluer, sous le nom de Serge Gainsbourg, pour le plus grand bonheur de son père. Quel père n'aura pas rêvé que son fils passe un temps avec Brigitte Bardot ?
Gainsbourg, vie héroïque est le premier film de Joann Sfar en tant que réalisateur. Il est aussi scénariste, et cela se ressent. Pour ceux qui connaissent Sfar dans la bande dessinée, on retrouve son univers poétique et décalé, notamment au travers de La Gueule qui accompagne Serge tout au long de sa vie. Il ne faut donc pas s'attendre à une simple biographie qui ne ferait que relater les évènements de la vie d'un des hommes qui a modifié et bousculé la variété française pendant des décennies. Sfar a voulu apporter sa vision du personnage, certainement en extrapolant par rapport à ses propres envies, ses propres fantasmes. Du coup, cela donne un film qui n'est pas académique mais qui est tout à fait regardable quand même par le grand public. Ce n'est pas un film réservé aux seuls fans de Sfar, malgré les passages un peu étranges.
Il est important de noter la prestation d'Eric Elmosnino. Outre sa ressemblance avec Gainsbourg, son jeu est tout simplement phénoménal ! Et il n'en fait pas trop, ne cédant pas à la facilité qu'aurait pu offrir le personnage. J'espère simplement pour lui qu'il fumait déjà avant de faire le film
Gainsbourg, vie héroïque est un film un peu à part, mais un beau film.
