Alain Delbe explique, en fin de livre, que l'histoire qui nous est contée ici, est tirée d'un ancien manuscrit retrouvé miraculeusement et relatant l'histoire véritable du célèbre palais fabuleux de Sigirya.
Ce palais fut construit sur le Rocher du Lion et ses ruines forment de nos jours l'un des plus célèbres sites archéologiques de l'Asie.
Bien sûr, une polémique nait, certains affirmant que le professeur ayant retrouvé et traduit le manuscrit n'existe pas.
Peu importe que ce soit vrai ou non, cela n'enlève rien au plaisir de ces histoires et contes envoûtants.
Dans la première partie, Dhola, conteur de son métier, raconte comment, par un concours de circonstances, il est devenu membre d'une bande de brigands. Mais il se fait emprisonner, ainsi que deux de ses amis. Et pour les sauver de la mort, le prince lui propose un marché : il a deux mois pour aller tuer son frère, le roi Kassapa 1er.
Dhola part donc à la recherche de ce roi.
Dans la seconde partie, le roi Kassapa prend la parole et raconte à Dhola comment il est devenu roi, et pourquoi il a bâti son palais sur ce magnifique Rocher du Lion. Certes, pour cela il a dû tuer son père. Mais il explique en détails pourquoi, et on se prend vite de sympathie pour ce roi parricide.
Dans la dernière partie, Dhola poursuit et termine son histoire. Va-t-il se décider à tuer le roi Kassapa, devenu entretemps son ami ?
J'ai bien sûr prodigieusement résumer cette histoire pour ne pas en dévoiler les intrigues, les surprises, les richesses. Malgré la difficulté des très nombreux termes hindous, à l'orthographe compliquée (avec beaucoup de "a" et de "h"), la magie opère.
La cruauté des guerriers, la beauté des femmes, la magie de certains religieux, les paysages magnifiques, Shiva et les autres innombrables Dieux, des êtres extraordinaires comme le mangeur de mots, tout concourt à nous emporter dans un monde hors du temps.
L'humour est également présent, par petites touches, et c'est très agréable.
Les trois contes qui font la célébrité de Dhola en tant que conteur sont, selon la volonté de l'auteur, non pas intégrés dans l'histoire de Dhola, mais à la fin, afin de ne pas interrompre le fil de la lecture.
Le premier conte raconte une quête spirituelle et n'a, à mes yeux, que peu d'intérêt par rapport aux deux autres.
Le second, Apsara déesse indienne, est grivois, coquin, et drôle. L'histoire de ce jeune homme laid mais aux magnifiques oreilles et qui n'aime que les femmes avec d'énormes seins est très agréable : drôle, très rythmée, originale, même les scènes d'amour sont racontées avec humour et sans jamais être vulgaires. Un vrai bonheur !
Le dernier, Le Tigre qui voulait manger le soleil, ne met en scène que des animaux. Mais c'est très réussi car très amusant, inattendu, avec bien sûr toujours une fin très moralisante.
L'ensemble offre une lecture dépaysante, agréable et très riche d'enseignements.