La guerre est terminée et désormais Hytanica doit vivre sous le joug de Cokyri : interdiction de posséder des armes, réquisitions et fouilles incessantes, etc. Les conquérants foulent aux pieds la fierté et les valeurs du pays. La reine Aléra, dont le titre est désormais "Grande Prévôte", est cependant convaincue que la coopération est la meilleure solution à long terme pour son peuple. Elle s'engage avec force aux côtés de Narian, nommé par la Grande Prêtresse à la tête de la province conquise. Elle a en effet une foi absolue dans le jeune homme, dont elle est amoureuse et qui lui rend son amour.
Cependant, la majorité des Hytanicains voient d'un mauvais oeil la coopération avec l'oppresseur cokyrien. Dans l'ombre, la résistance s'organise : Les rebelles sont bien décidés à reprendre les rênes de leur royaume, les représailles ne leur font pas peur.
Je suis un peu déçue par ce dernier tome de cette trilogie. D'abord, il ne s'y passe pas grand chose : on a certes quelques combats ou rebondissements divers, mais dans l'ensemble il n'y a guère de tension dans le récit. Même les évènements finaux, plus concentrés, sont trop rapides pour permettre d'apprécier la situation à sa juste valeur.
Ensuite, les personnages sont trop lisses. Narian, que l'on avait découvert dans les tomes précédents mystérieux et au coeur partagé entre sa patrie natale et sa patrie adoptive, joue ici le rôle de l'amoureux qui fait tout pour plaire à sa bien aimée. Aléra, que tous s'accordent à trouver forte et volontaire, me semble particulièrement passive : un dirigeant se doit d'être pro-actif, surtout dans une situation aussi difficile, mais non, au fil des pages elle reçoit les plaintes de ses sujets et s'occupe de paperasse, mais elle ne prend guère d'initiatives et - pire - semble n'être que peu au courant des détails de ce qui se passe autour d'elle. A moins que ce ne soit le récit qui ne lui rende pas justice ? On a envie de la prendre et de la secouer...
Pour ma part, je me suis un peu ennuyée, et ça a fait ressortir les autres imperfections du roman, déjà présentes dans les tomes précédents mais qui disparaissaient alors derrière une histoire plus prenante : trop de détails inutiles dans le détail de la vie des personnages (ce n'est pas nécessaire de savoir qu'ils vont déjeuner ou bouquiner un peu avant de se coucher), trop de flou ou de simplification dans les évènements relatés (que font réellement les personnages de leurs journées ? comment s'organise la résistance ?).
En plus du point de vue d'Aléra, on découvre en parallèle le récit d'une deuxième narratrice : Shaselle, l'une des nièces de Cannan. Au début, cela apporte une bouffée de fraîcheur. Volontaire, un peu garçonne, la jeune fille est soucieuse qu'on ne lui impose pas un époux qui ne lui plairait pas, mais veut également participer aux activités occultes qu'elle devine autour d'elle. Bien ! Sauf que finalement elle souffre des mêmes défauts qu'Aléra : indécision, prise de décisions irréfléchies, incapacité à analyser ses sentiments. Et ce développement qui aurait pu apporter une certaine profondeur tourne finalement à la bluette sans grand intérêt.
Un final qui se laisse lire, mais n'est clairement pas aussi bon que les tomes précédents.