Giordano Bruno est invité au mariage de son ami Sir Philip Sydney avec Frances Walsingham, lorsqu'il est convoqué au Palais d'urgence, en même temps que Sir Walsingham, le secrétaire de la reine. En effet, une des filles d'honneur de la reine Elisabeth Ière vient d'être assassinée, et certains éléments pointent dans la direction des milieux catholiques, ou magiques. Or, il se trouve que Bruno est lié aux deux, de par son séjour à l'ambassade de France, d'une part, et son amitié avec John Dee, l'astrologue de la reine, d'autre part. Sans compter qu'il est lui-même un moine défroqué, et soupçonné d'hérésie, voire de sorcellerie.
Ce roman est passionnant. D'une part, l'époque historique choisie fourmille d'éléments romanesques, que ce soit en France, avec l'ambition des Guise quant au trône, ou en Angleterre, avec l'opposition à la "reine vierge" des partisans de Marie Stuart, sur fond de querelle religieuse dans les deux pays. D'autre part, et ce n'est pas à négliger, l'intrigue policière proprement dite ne passe pas à la trappe au bénéfice du roman historique. Quant à l'aspect "ésotérique", il est utilisé ni trop, ni trop peu, et surtout comme élément participant à une époque où la magie et la science n'étaient pas véritablement différenciées.
Sur le plan des personnages, Giordano Bruno constitue un protagoniste parfait : cosmopolite, brillant, et guère suspect de compromission avec l'une ou l'autre religion, étant un catholique pourchassé par l'Inquisition. Sa seule fidélité est à ce moment-là au roi de France, dont les intérêts en l'occurrence coïncident avec ceux de la reine d'Angleterre. Par ailleurs, il est assez complexe pour être intéressant en soi, ce que l'auteur fait très bien sentir. Les autres personnages, "puissants ou misérables", sont bien traités, décrits d'une façon qui les rend crédibles et attachants.
En somme, un très bon moment de lecture, qu'on le prenne comme une distraction pure extrêmement dépaysante, ou comme un moyen plaisant d'en savoir plus sur un moment de l'histoire anglaise, voire française, pas forcément familier au lecteur français du XXIe siècle.
