Les Chroniques de l'Imaginaire

Pas son genre - Vilain, Philippe

François, prof de philo parisien, est muté à Arras, dans le Nord, et y rencontre Jennifer, coiffeuse trentenaire et mère célibataire. Malgré leurs différences, une idylle se noue entre eux. Une idylle un peu bancale, un peu fragile, car François n'est pas philosophe pour rien et ne cesse d'intellectualiser son attirance, de juger et mépriser Jennifer qui lui plait pourtant beaucoup.

Ce court roman évoque les différences de classe et la possibilité (ou non) de s'en accommoder en amour. Peut-on aimer en dessous de sa condition ? C'est la question que se pose François, sans répit, en regardant la petite blonde décolorée qu'il a mise dans son lit. L'intrigue et les personnages, assez convenus, n'échappent pas aux clichés. Jennifer est une grande romantique, elle lit Marc Lévy et Femme actuelle, a appelé son fils Dylan et se compare à Mme Bovary. François est un insupportable "je-sais-tout", méprisant, désinvolte, prétentieux et incapable, de son propre aveu, de s'engager. Ces clichés, même s'ils recèlent probablement une part de vérité, rendent les personnages antipathiques et la situation triste et morne, presque glauque.

Le thème était intéressant mais Pas son genre souffre d'un manque de justesse qui le dessert vraiment. Cette qualité aurait été indispensable pour traiter avec finesse le sujet. Là, on n'assiste qu'à une succession de clichés, de pensées convenues. Le style est élégant, mais que ce François est bavard ! Ses réflexions et ses interrogations sont vaines et tournent en rond. Ses échanges avec Jennifer, rapportés au style direct, sonnent faux. On se croirait devant une mauvaise série télé.

Une déception donc. Le sujet m'attirait, mais je ne me suis retrouvée ni dans la manière de le traiter, ni dans les personnages. Seul le dénouement doux amer m'a interpellée, mais trop tardivement pour modifier mon avis sur le reste du roman.