Rassoul est un jeune Afghan qui rêve d'offrir une vie meilleure à sa fiancée et à sa famille. Mais la guerre fait rage et il ne trouve rien de mieux qu'assassiner une vieille usurière pour lui dérober son argent et une boîte de bijoux. Mais au moment de frapper, l'image de Raskolnikov, héros du roman Crime et châtiment de Dostoïevski, lui vient en tête. Dès lors, il sera hanté par son crime, comme le fut le personnage de l'écrivain russe.
Dès les premières lignes, le style d'Atiq Rahimi interpelle le lecteur. Un style à la fois oral et enlevé qui nous happe et nous donne envie de suivre de près Rassoul, sa vie, ses interrogations, ses infortunes. Entre les bouffées d'opium avec ses camarades et la promiscuité de sa chambre, Rassoul s'évade dans ses rêveries délirantes, sans qu'on ne sache toujours distinguer le réel de l'imaginaire.
Le parallèle avec Raskolnikov est présent jusqu'au bout, dans la psychologie du personnage comme dans les difficultés rencontrées, mais évidemment mis à la sauce "afghane" (l'auteur vit néanmoins depuis trente ans en France), sur un ton plus moderne. Et à mesure que l'histoire progresse, avec en fond sonore le bruit des obus, le lecteur entrevoit non seulement les réelles motivations de Rassoul mais aussi le message qu'a voulu transmettre Atiq Rahimi à travers cette histoire.
Un excellent roman pour cet auteur à découvrir, et qui a par ailleurs obtenu le prix Goncourt 2008 pour Syngué Sabour, un roman qu'il a lui-même adapté au cinéma et qui sortira en salle le 20 février prochain.