Eric est au volant d'une décapotable BM mais se paye un mauvais trip. Il voit des David partout. Finalement, il s'arrête mais voilà qu'il aperçoit des chasseurs en costumes d'époque. Que lui veulent-ils ? Tout ça va se terminer dans les chiottes cradingues d'une station-service quelconque. Quelconque comme la vie d'Eric. Il va terminer le chemin à pied et se retrouver chez Karine. Elle est enceinte et repasse le linge avec juste une chemise ouverte sur le dos, son gros ventre sortant largement vers l'avant et les pans de la chemise s'écartant pour laisser paraitre ses gros seins et ses aréoles gonflées. Elle est en compagnie de Ringo qui se barre ensuite pour sniffer une des culottes de Karine. Eric va se barrer et faire un tour au centre commercial, partiellement cramé par on ne sait qui. Il y croise Sal. Qui va finir sur lui à astiquer sa queue. Mais sur le parking, il a aperçu Lisa, la petite sur de Marie. Dommage qu'elle n'ait que quatorze ans, parce qu'elle est déjà drôlement mignonne. Mais les chiens de chasse à courre ramènent bien vite Eric écorché vif vers sa réalité en lui dévorant les entrailles.
uvre dérangeante et avant-gardiste, Le roi des mouches a toujours su poser sa marque indélébile sur le lecteur qui se prenait à vouloir contempler ses pages. Sourire suivant enfonce un peu plus le clou avec un tome exigeant, difficile, mais d'une rare intelligence. Aussi bien narrative que graphique. C'est sûr, le texte ne coule pas tout seul. Il faut du temps pour le lire, se l'approprier et tenter de comprendre là où Michel Pirus tente de nous emmener. Je ne suis pas certain qu'on puisse bien capter toutes les subtilités du texte, d'ailleurs. Manque de référence ou simplement parce que c'est un texte que lui seul peut entièrement comprendre ? Peu importe. Ce qui compte, c'est de réussir à s'immerger dans cet univers cloisonné et claustrophobe. Quand on y est, l'air nous manque, on suffoque, on supplie presque de nous laisser sortir, de nous montrer le chemin. Seulement, on sait qu'on n'en a pas envie. On veut aller encore un peu plus loin dans l'histoire de ces personnages complètement azimutés mais tellement réels pour autant. L'un n'allant certainement pas sans l'autre. Michel Pirus a inventé des personnes qu'on ne voudrait pas voir exister mais qui sont pourtant d'un tel réalisme macabre que cela en devient inquiétant. Leurs pensées sautent comme les nôtres, ce qui fait qu'on a parfois du mal à les suivre. Le faut-il ? Je n'ai pas la réponse.
Le dessin n'est pas en reste. Mezzo, comme à son habitude, nous étouffe dans une composition carrée, stricte, statique et kitch. Il empêche aussi la lumière de pénétrer dans ses pages, même quand les scènes se passent de jour. La colorisation de Ruby est une démonstration de connivence entre le dessin et la couleur. Tout est angoissant, terrifiant et très réel. Notre monde vu sous un prisme dépressif, sous acide. Le dessin fait donc un écho amplificateur au texte et au scénario de Pirus. C'est ce qui fait que c'est aussi perturbant, dérangeant. C'est ce qui fait qu'on adore autant. Ou qu'on a envie de brûler cette uvre décadente.
Oui, Le roi des mouches est une expérience comme peu d'autres. Pour beaucoup, ce sera au mieux l'incompréhension. Pour moi, c'est l'expression d'un génie singulier, marginal et destructeur.