Les Chroniques de l'Imaginaire

Le chinois - Mankell, Henning

Un terrible massacre est découvert à Hesjövallen. Tous les habitants d'un village isolé du nord de la Suède ont été sauvagement assassinés, sauf un couple de personnes âgées et une vieille folle. Loin de là, à Helsingborg, une femme juge se sent interpellée par ce crime. Les parents adoptifs de sa mère font partie des dix-neuf victimes. Pour elle, c'est devenu une obsession, elle doit comprendre ce qui s'est passé là-bas. Mais les indices sont maigres et le mystère bien présent.

De nombreuses victimes ont été découvertes, toutes sauvagement assassinées au milieu de la nuit, toutes habitant le même village dans un lieu reculé. Pour Vivi Sundberg, chargée de l'enquête, l'horreur de cette scène dépasse tout ce qu'elle a déjà pu voir. Mais pour les innocents et leurs familles, la policière se doit de retrouver le meurtrier et les mobiles de ce massacre. Une enquête longue et mystérieuse entraîne le lecteur dans un mélange de doutes et d'incompréhension.

En parallèle, l'auteur suédois Henning Mankell nous trace le portrait d'une femme juge habitant à Helsingborg. Comme toute personne travaillant pour la justice, elle croule sous les dossiers et doit frayer son chemin entre tromperie et innocence. Un travail absorbant qui demande beaucoup d'énergie et de clairvoyance. Birgitta Roslin se remet en question et se demande si c'est bien la vie qu'elle souhaitait. Tout au long de l'aventure, cette question va rester en suspens. Elle m'a interpellée, moi qui hésite aussi quant à mon chemin parcouru. Un autre auteur, Suzanne Bugler, a fait de ce problème de société son leitmotiv dans son livre Ce bonheur trop parfait. Serait-ce un sujet préoccupant en ce début du vingt-et-unième siècle ?

Les deux histoires se croisent lorsque la juge reconnait, dans les victimes du massacre, les parents adoptifs de sa mère. C'est l'occasion pour Birgitta de renouer avec son passé et de faire une pause dans son travail fastidieux. Contrairement à la police, la piste de Madame la juge l'entraînera en Chine. Elle sera ainsi confrontée à l'autorité communiste du pays. Un état en pleine évolution qui compte sur des esprits ouverts, pour s'adapter au capitalisme et concurrencer les plus grandes puissances mondiales.

L'auteur prend soin de développer cet élan révolutionnaire afin que le lecteur puisse juger par lui-même de l'impact de toute cette affaire. Car c'est bien en Chine que l'on trouve les origines du massacre. Prise par l'intrigue, je me suis sentie agacée par cet intermède politique. Je souhaitais, bien sûr, connaître le meurtrier et ses motivations. Mais aux trois quarts de l'histoire, quand l'intrigue touche à sa fin, la parenthèse semble bien trop longue et coupe l'engouement généré par l'enquête.

Intriguée par une scène de crime si horrible, je me suis lancée dans l'enquête à corps perdu, au côté de deux femmes courageuses et tenaces. Partageant les doutes avec Birgitta Roslin, j'ai soutenu son combat face à la vérité. Cependant, j'ai senti que mon attention s'était quelque peu dissipée lorsque l'auteur Henning Mankell a développé les nouveaux espoirs de la Chine. Le chinois reste une intrigue bien menée et des acteurs bien façonnés.