Camille est jeune, belle, intelligente, récemment diplômée de lÉcole du Louvre. Malgré toutes ses qualités, elle ne s'imagine pas d'autre avenir que d'épouser un homme riche et influent. C'est son seul désir, sa seule ambition. L'amour ? Ce mot ne signifie rien pour elle. En attendant de trouver son "prince charmant", celui qui la fera entrer dans la haute société et qui subviendra à ses besoins, elle multiplie les conquêtes toujours plus ou moins intéressées. Et puis une amie lui présente Niels Phileas, jeune héritier d'une riche famille américaine. Qu'importe qu'il soit un peu laid, pas franchement intéressant, et très imbu de lui-même, car il représente tout ce que Camille a toujours désiré : un nom et une fortune. A elle maintenant de réussir à se faire épouser...
Camille déploie donc ses charmes, sa subtilité, son don pour la répartie, afin dappâter sa proie. Niels tombe bientôt dans ses filets et multiplie les attentions à son égard. Il finit par inviter sa belle à le rejoindre pour quelques semaines de vacances à Miami. La partie semble gagnée... Mais, si près du but, Camille commence à se demander si ce après quoi elle a toujours couru contribuera vraiment à son bonheur.
L'intrigue de La vraie vie des jolies filles ressemble à s'y méprendre à un roman de chick-lit (traduisez "littérature pour poulettes") du type Sexe, diamants et plus si affinités... de Lauren Weisberger. Une jolie fille pleine d'ambition, de riches héritiers, du sexe, du luxe... Mais la manière de traiter le sujet s'en éloigne, et pas qu'un peu. Dès les premiers chapitres, on se rend compte que l'on est loin de l'humour et de la légèreté qui caractérisent ce genre de littérature. Sous ses dehors superficiels, Camille cache un profond mal-être qui interpelle. Son éducation, son absence de connaissance d'elle-même et de ses besoins la poussent à un comportement désespéré (se marier à tout prix avec n'importe quel homme, pourvu qu'il soit riche, même si elle sait dès les premiers instants qu'elle ne tombera jamais amoureuse de lui) et auto-destructeur. Croyant trouver dans cette situation la protection (elle se met à l'abri des problèmes matériels sans risquer de souffrir, puisqu'elle n'aime pas), elle se plonge dans un gouffre de désespoir, d'insatisfaction et de solitude.
Cette lecture m'a mise très mal à l'aise. Camille, jeune femme intelligente et calculatrice mais incapable de se rendre compte qu'elle va droit dans le mur, s'est attirée mon agacement autant que ma sympathie. Elle m'a semblé être le reflet de toute une génération - ma génération - de jeunes femmes courant après une illusion de bonheur en agissant à l'exact opposé de leurs intérêts.
Le style, très froid, colle bien à l'état d'esprit du personnage principal. On ne trouve dans ce roman qu'une petite poignée de dialogues au style direct, ce qui fait qu'on assiste au catalogue des mauvais choix de Camille sans jamais pouvoir reprendre notre souffle ni respirer. Ce procédé est judicieusement choisi et rend la lecture très oppressante.
Je m'attendais à une lecture légère et divertissante, et La vraie vie des jolies filles m'a vraiment prise de court. Je suis admirative devant le style de l'auteur, son cynisme, sa clairvoyance et sa capacité à susciter l'empathie pour ses personnages, quel que soit leur comportement.
Si le sujet vous intéresse, je ne peux que vous conseiller ce roman intelligent, bien ancré dans l'air du temps... mais très déprimant.