C'est une vraie satisfaction que de retrouver les auteurs et scénaristes de Lincoln, Jean- Christophe Deveney et Jérome Jouvray. C'est une bonne série qui m'a bien fait rire alors j'étais plus que curieux de voir leur nouvelle production.
Johnny habite la forêt. Johnny est un petit garçon qui aime les bagarres, les balades de liane en liane, les grands espaces et surtout la vie en forêt. Johnny partage son temps avec son meilleur ami et frère Kinka, un gorille. Ensemble ils vont vivre de belles aventures et peut-être un jour découvriront-ils l'amour ? Mystère...
Dans les premières pages on découvre un Johnny au crépuscule de sa vie, bouffi par l'alcool et vivant reclus à cause d'une paranoïa excessive (?), essayant de se rappeler des morceaux de sa vie. À la frontière entre le touchant et le comique, la bande dessinée s'ouvre sur un homme face à ses doutes.
Entre la fiction et le récit biographique, Johnny Jungle nous donne à lire une très bonne BD. C'est à la fois drôle et touchant (c'est surtout drôle) et offre un regard plus que décalé sur la vie de Johnny Weissmuller, célèbre interprète de Tarzan.
Le récit est vraiment bien écrit. On passe facilement entre les flash-back et les digressions de la narration sans jamais perdre le fil de l'histoire. C'est là où on voit le travail minutieux du scénariste, Jean-Christophe Deveney, car en essayant d'imbriquer la vie de Tarzan à celle de l'acteur qui l'incarne, la tâche aurait pu être chose périlleuse. Or ici on trouve une fresque touchante, le récit donne l'impression d'être raconté par un homme n'ayant plus vraiment ses esprits et mélangeant les choses qui se sont réellement passées dans sa vie et dans la vie du personnage qu'il a incarné tant de fois au ciné. Il faut rendre hommage aux dessins de Jérome Jouvray, qui sont un magnifique miroir au récit. Les dessins soulignent parfaitement l'esprit enfantin du scénario, ils soulignent l'aspect enfantin des souvenirs. Les couleurs sont dans le même esprit que les dessins, des couleurs un peu passées, un peu usées, sorte de métaphore de l'érosion des souvenirs avec l'érosion des couleurs.
Johnny Jungle est une espèce de croisement parodique de Mowgli, Tarzan et de L'enfant sauvage de Truffaut. C'est une douce balade dans un univers fantasmé où on voit Johnny allant aux jeux olympiques et gagner quelques médailles ( référence à Johnny Weissmuller) et découvrant New York. Le tout sur fond d'hommage à l'âge d'or des studios américains.
Bref un vrai régal cette BD et je suis très content que ce tome un soit un tome un car il va y en avoir d'autres que j'attendrai avec beaucoup d'impatience. Quand les deux frères Jouvray sont à ce niveau, il est dur de ne pas aimer.