Le lieutenant enquêteur Gunnar Christiansen n'a pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une vie facile ou heureuse. L'homme prend de l'âge, et son sommeil est hanté par la disparition de son fils, mort lors d'une inondation qui a frappé son habitation, il y a quelques temps. Maintenant, il vit dans un dortoir avec sa femme, qui travaille dans une fonderie, et qui rentre à chaque fois effondrée de fatigue et du labeur de sa journée. En prime, Christiansen se rend à l'aéroport, afin d'y récupérer le corps de Al Bangé, mort assassiné à Monplaisir. Christiansen va d'ailleurs s'y rendre pour les besoins de l'enquête, et il va y aller avec sa femme.
Monplaisir est une ville sur la Terre qui est là pour que les humains puissent passer leurs deux semaines annuelles de vacances. Le rythme est ainsi bien soutenu, et on pourrait penser que l'endroit est paradisiaque à bien des égards. Pas vraiment, en fait, quand on y regarde d'un peu plus près... Les lieux, contrôlés par Springy Fool, le créateur, et par A.L.I.C.E., le système informatique, comprend lui aussi un grand nombre de laissés pour compte.
Parmi eux, il y a un petit garçon qui ne connaît pas encore l'enfer des rues et ruelles, et un magicien itinérant. En fait, tout est fait pour que les sans-abris ne puissent prendre aucun repos, notamment avec un système qui nettoie les ruelles toutes les cinq heures en désintégrant tout ce qui y traîne. Pire : une fois reconnu par ce système, il est impossible de remettre les pieds dans la dite ruelle sans en payer le prix fort, raison pour laquelle certains pauvres hères doivent marcher des kilomètres pour trouver un endroit inédit où dormir quelques heures.
Et puis, il y a Zach, qui a vu le dernier interceptor mourir en poursuivant Antiochus Ebrahimi, lors d'un combat très suivi sur Monplaisir, qui est le moyen d'ouvrir un grand nombre de paris. Zach, un grand costaud qui a passé son enfance sur la Terre, est le prochain policier qui affrontera Ebrahimi. Mais le géant a d'autres préoccupations, comme celle de retrouver cette jolie prostituée, qui a déjà vécu l'enfer et qui a dû se faire tatouer un grand nombre de marques commerciales sur le corps.
Le premier tome de Urban avait fait une forte impression. Le tome proposait la découverte d'un univers bien vaste, imaginé par Luc Brunschwig et mis en image par l'extraordinaire talent de Roberto Ricci. Autant être clair immédiatement : ce second tome en est le digne successeur, avec encore une fois un univers toujours très fouillé, qui montre de plus en plus son côté glauque et bas, au fur et à mesure des planches.
Le tome en question est riche en rebondissements et en effets retentissants, sans se préoccuper de choquer un large public ou pas. Et en cela, le scénario de Luc Brunschwig (imaginé il y a déjà pas mal d'années) a de quoi faire furieusement mouche. Les âmes sensibles devront sans doute s'abstenir, ou tout au moins être prévenues que le récit est loin d'être lisse, ce qui donne toute sa richesse à cet univers.
Les dessins de Roberto Ricci sont encore une fois de toute beauté : c'est beau, détaillé. Les relectures permettront sans doute de trouver des éléments qui nous auraient échappé à la première lecture. Urban est ainsi une série vaste, intelligente, totalement cohérente : une vision du futur qui fait frémir, et c'est tellement bon !