Lula est une petite fille un peu particulière. Tout d'abord, elle travaille dans un cirque, ce qui n'est déjà pas tout à fait banal. Par ailleurs, Lula est une petite fille qui porte une barbe très noire et très fournie, ce qui provoque bien évidemment sa première particularité. C'est dans le cirque itinérant du père La Ridule que Lula a ainsi un emploi, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les caisses du dit cirque sont proches du zéro le plus absolu. Jusqu'à ce que Lula se mette à converser avec une étrange sorcière...
Celle-ci, Dagmar magique, souhaite obtenir de Lula quelques mèches de sa barbe, histoire de terminer une étrange potion dont elle a le secret, et qui lui permettrait, a priori, de devenir la maîtresse de l'univers, ou quelque chose dans le genre. En fait, l'échange a bien lieu, contre une étrange pierre circulaire, mais la potion n'a pas vraiment l'effet escompté : elle a simplement la propriété, déjà fort sympathique, de stopper les immondes flatulences de la dite sorcière.
Alors, c'est vers l'industrie pharmaceutique que la sorcière se tourne, pour y vanter les mérites de cette potion, tandis que Lula s'en retourne à son cirque, avec sa belle pierre, qui n'est autre qu'un oeuf qui donne bientôt naissance à un être gigantesque, totalement muet, que Lula s'empresse vite de baptiser Chimichanga. Il semble que le monstre en question se soit pris d'affection pour la jeune fille, et qu'elle est en passe de devenir l'attraction principale du cirque La Ridule.
C'est Eric Powell, l'auteur de The Goon, qui nous sert cette histoire toute mignonne de petite fille qui n'a pas sa langue dans sa poche, accompagnée d'un immense être étrange et muet, qui va la sortir d'un bien mauvais pas. Powell a bien présenté cette histoire à la base pour en faire un dessin-animé, mais le projet n'a pas été retenu à l'époque.
Ainsi, c'est sous la pression de ses propres enfants que l'auteur a fini par persévérer pour faire de son monstre et de son héroïne une bande dessinée. Bien sûr, on est loin ici de The Goon, et cette histoire met principalement l'accent sur l'humour, avec des dialogues bien sentis (la jeune fille possède un langage qu'on ne lui prêterait pas de prime abord).
Côté graphique, on a des planches aux dessins soignés et franchement détaillés, notamment au niveau des personnages et de leurs expressions : on sent que le projet était initialement prévu pour être animé ! On peut juste reprocher un manque de mouvements dans certaines scènes d'actions, mais le défaut reste toutefois parfaitement mineur.
Ce premier tome de Chimichanga est ainsi l'occasion de découvrir une toute autre facette de Eric Powell, chose ma foi bien agréable.