Les Chroniques de l'Imaginaire

Vraies histoires fausses - Vonarburg, Elisabeth

Les histoires que nous nous racontons, et que nous racontons aux autres - et cela s'applique aux écrivains en premier lieu - sont-elles vraies ? Sont-elles fausses ? La réponse que donne Elisabeth Vonarburg en titre de ce recueil, c'est qu'il n'y a pas de contradiction : une histoire fausse quant aux détails, aux faits concrets, peut énoncer une vérité sur la personne qui la raconte.

On retrouve ici des thèmes, des situations, voire des types de personnages, familiers aux lecteurs de l'auteure franco-québécoise. Par exemple, la nouvelle Ici, des tigres évoque tous les métames qui peuplent cet (ces) univers (différents et parallèles) de Baïblanca où d'autres nouvelles sont situées (je pense notamment à Bande ohne ende, et à Dans la fosse, mais il y en a beaucoup d'autres), et La bulle a ramené à ma mémoire Celles qui vivent au-dessus des nuages.

Dans les thèmes, il y a l'enfance, ou l'adolescence, l'origine en tout cas, vue comme un paradis ambigu perdu (Le fil d'Ariane, Et les jardins de Babylone, Le premier accroc ne compte pas) ; les mots, le langage (Le fil d'Ariane, Comment réussir son cauchemar, Les Poligloti, Un parfum d'orange) ; le mouvement du monde, des mondes, autour de soi (Aurélie sous les étoiles, L'hiver c'est mon pays, Sur place, Summertime, Le pays où l'on arrive toujours, Transhumance, Vous êtes ICI) ; l'inquiétante étrangeté de ce(s) monde(s) et de ces univers clos que sont les autres (Matriochkas, Voyage au bout de la nuit ordinaire, Pupa, Summertime, Le pays où l'on arrive toujours, L'exilée de l'intérieur) ; le(s) régisseur(s) (La Grande Bouche, Le pays où l'on arrive toujours, L'aile, Via Appia).

J'ai classé ce recueil en SF puisque c'est dans ce genre que l'auteure est le plus connue, mais bien des nouvelles n'appartiennent pas au genre. Certaines relèveraient plutôt du fantastique (Summertime, Transhumance, Voyage au bout de la nuit ordinaire, L'aile...) mais beaucoup sont inclassables (Aurélie sous les étoiles, Le pays où l'on arrive toujours...). Peu importe, d'ailleurs, l'essentiel est qu'on retrouve dans chacun le style particulier de Vonarburg, l'élégance précise de son écriture, et l'atmosphère des univers qu'elle file dans ses textes.