Les Chroniques de l'Imaginaire

Les otages du Dieu-Dragon (Yakusa Gokudo - 1) - Honaker, Michel

Nous sommes à quelques jours avant le Danjiri, une fête de la préfecture du Kansai. Saburo Shirai est un yakusa. Ce soir, Keisuke et Toshio, ses "petits frères", et Fukuda, son supérieur, le wakagashira, le numéro deux de leur clan, ont attrapé un touriste qui rôdait là où il n'aurait pas dû. Du coup, une petite démonstration de force et de qui est le patron s'impose. Cela se passe très souvent dans le port de Kishiwada, sur un petit banc de sable gris. Saburo reste un peu étranger à tout ce qui se passe ; ce n'est pas forcément ce qu'il préfère, ces démonstrations. Mais il ne peut aller à l'encontre de Fukuda, même s'il ne l'aime pas. Par contre, il se sent obligé d'intervenir quand Fukuda sort son arme et la pointe sur le touriste. Malgré l'interdiction de l'oyabun, Fukuda a une véritable arme, et pas simplement une factice pour impressionner. Le coup pourrait donc partir et mettre le Wakamatsu-gumi, le clan de Saburo, dans l'embarras. Finalement, Fukuda s'énerve mais le touriste va pouvoir repartir en ayant pris seulement quelques coups. Mais au moment de quitter le lieu, Saburo va apercevoir une jeune femme qui semble sortir de l'eau.

Fukuda n'attend pas. Il n'a que faire des paumés qui sortent de la nuit. Mais Saburo est troublé. Cette jeune femme est pour lui comme la princesse Otohimé-Sama d'un conte qu'il appréciait étant enfant. Il s'est même fait tatouer sa silhouette en tant que tatouage de yakusa. Du coup, il va ramener la jeune fille chez lui. Il est persuadé qu'il y a quelque chose de louche derrière tout ça ; une femme ne sort pas des eaux sans raison ! Sa mère, qui lui reproche tous les jours la vie qu'il a décidé de mener, va quand même prendre la jeune femme sous son aile. Mais, rapidement, la police débarque chez Saburo pour l'emmener. Que se passe-t-il ? Y a-t-il un lien avec la jeune femme, dont il ne connaît pas encore le nom ?

Dans quoi Saburo s'est-il encore fourré ?

Michel Honaker, le Japon… un mélange que je pouvais difficilement laisser passer. Yakusa Gokudo se passe donc dans le Japon contemporain et nous fait entrer dans le monde des yakusas. Dans Les otages du Dieu-Dragon, on est très loin de l'image que l'on peut se faire de ces gangsters. Certes, ce sont des voyous, organisés, dangereux, mais on se rend compte aussi que beaucoup de choses se jouent dans l'apparence. Comme cette arme factice qu'ils portent à la ceinture, pour impressionner. C'est quelque chose qui convient parfaitement à Saburo, mais quand les choses se compliquent, il est aussi bien de pouvoir compter sur une arme, une vraie.

Saburo est le prototype du branleur, mais qui vit quand même selon certains principes. Bien sûr, il rackette les gens pour assurer leur protection, mais en même temps, quand une jeune fille dans la détresse se présente devant lui, il n'hésite pas une seule seconde à lui porter secours. Il se met même dans une position délicate vis-à-vis de sa hiérarchie pour ne pas la laisser tomber.

Certains sujets sont abordés dans le livre qui sont bien réels, malgré leur côté surréaliste. Pour ne pas gâcher la lecture, je préfère ne pas en parler ici, mais notre regard occidental est un peu bousculé avec de telles révélations. Et même déjà dans la manière qu'ont les gens de se comporter les uns par rapport aux autres. L'apparence, l'honneur, la "face" sont des sujets avec lesquels on ne plaisante pas au Japon. Même encore aujourd'hui.

Des sujets forts et une écriture directe font de Les otages du Dieu-Dragon un livre parfaitement accessible et recommandé pour les lecteurs adolescents. Les adultes s'y retrouveront aussi avec une lecture rapide dans laquelle on se plonge facilement.