Abel Mérian est un garçon qui n'a pas eu une vie bien facile dernièrement. C'est un homme meurtri, qui a changé, et qui sort aujourd'hui de prison. Il a récupéré ses vieilles fringues de l'époque où il était un jeune voyou, ainsi qu'un sac Tati tout rose, et évidemment, après tout ce temps entre quatre murs, personne ne l'attend. Mais Abel ne compte pas vraiment rester les bras croisés. Quelque part dans le Sud, il y a ce magot énorme qui l'attend, enterré dans une usine désaffectée.
Alors, Abel dépense un peu d'argent dans un billet de train, et se rend dans le Sud. Bien sûr, il profite bien un peu du voyage, des paysages qui défilent, des jolies filles qu'il n'a pas touchées depuis bien longtemps maintenant. Mais Abel n'aura une nouvelle fois pas de chance : l'usine désaffectée en question est devenue un musée tout ce qu'il y a de plus moderne. Son pognon est là, quelque part, sous des tonnes de béton, pour un bon paquet de milliers d'années sans doute.
Alors, Abel va visiter le musée, et trouver un portable qui sonne par terre. Sa propriétaire, une jolie italienne à la voix douce et chaude, est contente d'apprendre qu'Abel va lui envoyer son téléphone. Qu'il n'est pas tombé entre de mauvaises mains... Abel va alors tenter le tout pour le tout, sur un véritable coup de tête. Pourquoi ne pas lui amener en mains propres, ce téléphone ? Le tout en fouillant dans sa vie, et en répondant de façon jouissive à un ex qui tente de revenir dans la vie de la belle.
C'est à une véritable tranche de vie que nous convient Rascal et Thierry Murat avec ce Au vent mauvais. Le livre est un roman graphique d'une grande richesse et d'une grande justesse, dans les dessins, mais aussi dans les mots. Dans le récit. Qui d'autre que Futuropolis pour présenter le mieux ce genre de livre ? Eh bien, pas grand monde, il faut bien le reconnaître.
C'est avec plaisir que le lecteur retrouve ce papier un peu plus épais, propre à l'éditeur. Ce papier qui nous donne un beau livre, que l'on a toujours plaisir à feuilleter. Ici, je le disais, tout est dans le récit : Abel parle peu, très peu même. Mais il raconte comme personne. Alors, ce sont le plus souvent des voix off que l'on suit dans cette histoire.
Le lecteur ne peut pas faire autrement que de rester scotché aux basques de ce malheureux, tout au long du récit. Jusqu'à la claque finale qu'on ne voit évidemment pas du tout venir.
Un livre prenant, beau, mystique, qui ne laissera sans doute pas indifférent !