Nous sommes en France, en 1916. Un journaliste américain s'approche du front pour faire un article qui devra paraître aux Etats-Unis. Les Américains ne font pas la guerre des tranchées, mais ils s'y intéressent de près. Ce qui n'est pas forcément du goût des soldats du front, qui supportent assez mal que les journalistes déforment la réalité, en ne racontant que ce qui est racontable.
Justement, le journaliste en question souhaite rencontrer Bouteloup, un fils de bonne famille, au front lui aussi alors qu'il aurait pu en être autrement, et qui est chirurgien de surcroît. L'homme ne compte plus les soldats qu'il a retapés, au sortir des sanglants affrontements et des bombardements qui ne laissent que peu de chances à ceux qui se tiennent à proximité des explosions.
Mais Bouteloup est un homme qui ne croit plus en grand chose. La vérité, c'est qu'il a aimé, et qu'il aime toujours, une femme allemande. Ou plutôt, une femme lorraine, que le gouvernement français accuse d'avoir pactisé avec l'ennemi allemand. Isabelle est ainsi faite prisonnière, dans d'immondes cachots. Elle a perdu depuis longtemps sa dignité de femme, et il est heureux qu'elle ne puisse plus se regarder dans une glace.
Patrice Ordas et Patrick Cothias remettent le couvert avec ce troisième tome de L'ambulance 13. La série historique est depuis le début parfaitement documentée, et elle a cette caractéristique de voir les choses sous l'angle des médecins du front. Ceux qui étaient chargés d'opérer les soldats dans l'urgence, afin d'en faire survivre le plus grand nombre. Dans ce tome en particulier, le lecteur aura l'occasion de croiser Marie Curie en personne, avec cette technique de radiographie qui permettra d'éviter de charcuter les blessés pour rien, à la recherche des balles perdues dans les chairs.
Le tome en question est riche et vaste : autant prévenir le quidam moyen, il vaut mieux connaitre quelques personnages historiques, comme Faure ou Clémenceau, avant d'attaquer cet opus. Certains pré-requis plus ou moins évidents ne sont pas expliqués, et il vaut mieux en être averti en tant que futur lecteur. A côté de cela, la dimension historique et travaillée est bien là, avec quelque chose de différent par rapport à une série comme Notre mère la guerre chez Futuropolis.
Un troisième tome qualitatif, réservé aux vrais fans d'Histoire et de médecine, rempli de dessins et de décors soignés. La mise en couleurs reste parfois un peu trop pâle, sans que cela retire de la qualité à ces planches : de quoi passer un bon moment sérieux !