L'enfant aux mains vides n'a pas eu de chance. Il n'a plus ni père ni mère. Il n'a même plus d'espérance. Et pourtant le destin est parfois une chose bien curieuse, les alliés pas toujours ceux que l'on croit, et l'espérance pas si inaccessible qu'on peut le penser...
L'enfant aux mains vides est le premier des trois contes transmis par Hamed Bouzzine.
Ce livre, c'est au fond l'histoire d'une civilisation, les Mythes de l'Ancien Empire Manding. Merveilleusement servis par l'oralité qui porte ces histoires depuis des siècles, nous découvrons ici trois petits bijoux.
Je dois avouer un faible pour les contes africains. J'aime cette simplicité, cette description un peu brute de la vie, et cette façon de ne pas s'encombrer de superflu. L'enfant aux mains vides, Kemenbanani et Sinimori correspondent parfaitement à ce schéma.
Chacun d'entre eux porte une leçon de vie, et la transmettre à des enfants par ce biais me parait particulièrement porteur.
Mais au delà de l'histoire en elle-même, il est capital de saluer la splendide prestation du conteur. Quelle magie dans cette voix ! Cette façon de dire, toujours à la limite du chant, portée par une musique lancinante, quasi hypnotique, ne peut que nous faire voyager. Fermez les yeux et vous y êtes... vous parlez aussi avec le serpent porteur d'espérance, et vous entendez l'oiseau de paradis. Vous le sentez presque... Dire que la musique est bien choisie serait juste un euphémisme. Elle est partie intégrante du récit, elle accompagne le voyage.
J'ai vraiment entendu la voix du sage à la veillée, celui qui révèle la culture des anciens aux jeunes générations. J'ai vu le griot.
Et puis lorsque l'on retombe dans le livre en lui même, le voyage continue. Les illustrations sont parfaites. Toujours en simplicité, on ne s'éloigne jamais de la terre mère.
Une vraie réussite donc à partager sans aucune restriction.