John Cheever (1912-1982) est un écrivain américain renommé pour ses nouvelles (il en a écrit plus de deux cent). Son uvre est considérée comme majeure aux États-Unis. Ses thèmes de prédilection tournent autour de la vie en banlieue des classes moyennes américaines dans l'après guerre. Ce recueil, composé de douze nouvelles écrites au tout début de sa carrière et publiées dans différents magazines, explore plutôt la thématique du désespoir, allant de la mélancolie à la dépression, d'une Amérique marquée par la crise de 1929.
J'ai lu ce recueil sans déplaisir, bien qu'un peu gênée par l'impression de banalité qui se dégageait de ces courts textes. J'ai même failli abandonner en cours de route, par ennui, par manque d'intérêt. C'était donc ça, le travail de ce novelliste américain dont on dit tant de bien ?
Je pensais qu'une fois le livre refermé, il ne m'en resterait aucun souvenir. J'avais tort : ces nouvelles, construites justement - semble-t-il - pour paraître insipides, dépeignent si justement les "petites vies" de gens comme les autres qu'il s'en dégage une amertume subtile mais tenace s'incrustant durablement dans l'esprit du lecteur. On a l'impression d'avoir lu douze tranches de vies ratées, démolies, malgré la puissance des ambitions des personnages. C'est assez peu spectaculaire, et donc très proche de la réalité. Ce décalage entre mes impressions de lecture et le souvenir général que je garde de L'homme de ses rêves me rend admirative du travail de cet auteur. J'ai été surprise, décontenancée, et finalement, séduite. J'espère avoir rapidement l'occasion de croiser à nouveau un livre de John Cheever.