Les Chroniques de l'Imaginaire

Des lits de fuite (Les femmes en blanc - 35) - Cauvin, Raoul & Bercovici, Philippe

Les infirmières n'ont pas une vie facile. Imaginez-vous un peu à leur place : vous connaissez la totalité des patients qui se trouvent dans votre service, et vous savez pourquoi ils sont là. Quelque part, vous savez tout de leur vie, et devez par dessus tout faire attention à ceux qui pourraient bien être contagieux ! De là à se retrouver à la place du patient, il n'y a parfois qu'un pas...

Par ailleurs, dans ce métier, il faut parfois savoir faire face à tout type d'imprévu, comme cette lourde lampe qui tombe soudainement sur le patient, en pleine opération : de quoi rappeler la vétusté de certains lieux, et le besoin cruel de crédits que peut connaître la profession, dans certains établissements du moins...

Mais le pire, c'est quand même d'expliquer au médecin de garde ou au responsable de service votre quotidien, entre les levers aux aurores, le stress au boulot, les gamins à gérer le matin et le soir. Et lorsque le responsable en question vous rétorque que ce n'est rien car lui a le budget d'un établissement complet à gérer, et que ce responsable est votre propre mari, là, il y a vraiment de quoi s'énerver...

On trouve vraiment de tout, dans les hôpitaux : des gens qui ont eu les jambes avalées par des requins, des gens qui ont la tête à l'envers, des médecins qui amputent la mauvaise jambe... C'est un peu un florilège de tous les malheurs qui peuvent vous frapper sur cette planète, finalement !

C'est en tout cas ce qu'essaient de retranscrire encore une fois avec brio Raoul Cauvin et Philippe Bercovici dans ce tome 35 de Les femmes en blanc. Pour connaître un bon nombre des tomes précédents, on peut d'ores et déjà dire qu'on a toujours le même plaisir à parcourir les pages de ce Des lits de fuite... Les gags sont bien trouvés, et s'adressent bien sûr au plus grand nombre, et pas uniquement aux personnels hospitaliers, qui trouveront forcément des accents de vérité avec cette série.

Du côté des dessins, Bercovici fait tout pour que la lisibilité soit la plus facile possible : les personnages sont soignés, avec des expressions toujours aussi exagérées et parfaitement drôles. Les couleurs de Vittorio Leonardo sont quant à elle parfaitement en phase avec cette exigence de lisibilité, tout en parvenant à égayer l'austérité des hôpitaux...

Les femmes en blanc fait partie de ces BDs avec des gags, et donc sans le scénario fouillé qu'on trouve dans nombre de BDs moins classiques. Pour autant, cela reste drôle et plaisant : une série destinée à tous, petits et grands, et qui est d'ailleurs bien capable de déclencher des vocations !