Mikédi est le fils d'un empereur japonais, seigneur d'un immense domaine. Aujourd'hui est un jour un peu spécial, puisqu'un inconnu plutôt mal lavé et mal sapé se présente. L'homme porte un magnifique katana, et se présente sous le nom de Miyamoto Musashi. Il souhaite prendre un bain, et rencontrer le père de Mikédi, et pour cela, il défie plusieurs des guerriers du seigneur, guerriers qu'il parvient à défaire en quelques secondes, grâce à une rapidité d'action prodigieuse.
Le seigneur en question, Nakamura Ito, invite alors ce mystérieux visiteur et en fait son premier samuraï. Ito sait que Musashi possède un pouvoir extraordinaire, en maîtrisant un art qu'on appelle la voie du sabre. Bien évidemment, il aimerait bénéficier de l'enseignement d'un tel art, mais Musashi lui fait une confidence : Ito est bien trop âgé et influencé pour pouvoir apprendre cet art qui lui permettrait d'épouser la fille de l'empereur. Par contre, cet art pourrait être enseigné à Mikédi, un fils que jusque-là Ito ne remarquait même pas.
Alors, Mikédi part avec l'étranger, et l'apprentissage commence, durement. Mikédi apprend vite qu'il devra réfléchir par lui-même, sans prendre pour argent comptant tout ce que son maître lui dit. Mikédi déteste cet étranger dans un premier temps, et il déteste encore plus les siens et son propre père, de l'avoir forcé à suivre cet étranger en quittant sa future épouse et ses demi frères et soeurs. D'autant que Musashi souhaite maintenant visiter un village de pêcheurs qui a été dévasté par les guerriers de Ito.
C'est un choc pour Mikédi qui se rend compte que son père a massacré énormément de personnes, sans tenir compte du bushido, uniquement dans le but d'acquérir de l'encre de Shô, un poison rougeoyant qui doit se collecter sur des coquillages qui trouvent refuge sur les nageoires d'immenses monstres des mers.
La voie du sabre est une adaptation en bande dessinée d'un roman de Thomas Day, dont la couverture était signée par un certain Guillaume Sorel, que les amateurs du neuvième art connaissent bien. On retrouve ici le premier tome de ce qui sera un triptyque, et qui nous plonge très rapidement dans les paysages du Japon, où les codes d'honneur ont toujours eu une importance capitale.
Pourtant, le héros présenté est quelqu'un de plutôt sale, qui revient sur sa parole, et qui voue un culte sans borne aux femmes. De quoi en faire un antihéros idéal, plein de profondeur et de complexité philosophique : bref, l'idéal pour un personnage de bande dessinée ! En cela, Mathieu Mariolle a profité du filon, en nous présentant ce personnage atypique, particulièrement attachant, aux méthodes de combat purement radicales.
Autant le dire tout de suite, le dessin de Federico Ferniani (qui partage son atelier avec un certain Theo Caneshi) est une pure merveille de précision et de mouvement également : c'est beau, cela fourmille de détails et de couleurs, et les mouvements lors des nombreux combats bénéficient d'un réalisme impressionnant, qui n'est pas sans rappeler le récent Isabellae paru dernièrement chez Le Lombard.
Le Japon médiéval flirte ici avec la fantasy (il suffit de jeter un oeil à l'extraordinaire couverture pour s'en convaincre !), pour donner un premier tome de cette adaptation de toute beauté. Comme si cela ne suffisait pas, la première édition bénéficie en outre des traditionnelles huit pages de croquis, qui valent également le détour, notamment sur les différents travaux qui ont pu donner la couverture (sélectionnée sur une cinquantaine). Décidément, je cherche encore une bonne raison pour ne pas se ruer sur ce livre, pour les fans de Okko comme pour les autres !