Les Chroniques de l'Imaginaire

Une langue venue d'ailleurs - Mizubayashi, Akira

En 1970, la majorité des étudiants de l'université de Tokyo se mure dans une hébétude satisfaite annonciatrice d'un langage où les mots, d'une insoutenable pauvreté, n'atteignent plus les êtres et les choses. Dans ce contexte, Akira Mizubayashi se sent étouffé, emmuré et traqué par cet appauvrissement généralisé. Il a besoin d'une évasion et le français résonne comme la seule parade face à sa langue malmenée jusqu'à l’usure, sa langue maternelle qui le prend en otage.

La lecture d'un texte d'Arima Mori permet à Akira de s'interroger. Est-il prêt à se lancer dans cette aventure, à s'imposer une discipline de fer, à se livrer à un terrible exercice d'endurance, à s'offrir le luxe ou le risque d'une seconde naissance, d'une vie impure et hybride sans doute plus longue, plus exposée à des ébranlements imprévisibles et plus questionneuse que la première ? Et, sans hésiter, Akira se convainc de la pertinence de son choix.

Durant son enfance, Akira Mizubayashi a été bercé par les leçons de musique classique de son frère. En entendant, à dix-neuf ans, pour la première fois, les accords mélodieux du français, il s'éveille à cette langue grâce aux Noces de Figaro de Mozart puis à la lecture de Jean-Jacques Rousseau.

Après des études à l'université nationale des langues et civilisations étrangères de Tokyo, Akira obtient une bourse pour un séjour de deux ans à l'université Paul Valéry de Montpellier. De retour au Japon, il défend, en 1976, sa thèse et obtient sa licence. Mais Aikira estime que son apprentissage n'est pas achevé. Il poursuit ses études, obtient sa maîtrise de lettres modernes. En 1978, il passe le concours afin d’'être admis avec une bourse à l'Ecole Normale Supérieure de Paris. Il y séjourne durant quatre ans. En 1983, Akira est de retour au Japon et obtient une place d'enseignant de français à l'université de Tokyo.

A l'âge de cinquante-deux ans, Akira Mizubayashi écrit son premier livre. Cette langue venue d'ailleurs raconte son cheminement dans l'apprentissage d'une langue étrangère. Il y relate son parcours et les différences culturelles entre le japonais et le français. Akira livre ses découvertes littéraires et sa passion, jamais démentie, pour Mozart et Rousseau.

Son ouvrage a reçu deux prix en 2011 : le prix du rayonnement de la langue et de la littérature française de l'Académie française et le prix littéraire Asie de l'Association des écrivains de langue française. Entre les conférences et les séances qu'il donne, Akira Mizubayashi trouve encore le temps de s'occuper de son site.