Les Chroniques de l'Imaginaire

Le formidable évènement - Leblanc, Maurice

Bel athlète, Simon Dubosc est un jeune homme accompli. Lors d'un séjour outre-Manche, il tombe éperdument amoureux d'Isabel, la fille de Lord Bakefield, pair d'Angleterre. Le sentiment est réciproque, mais à cette époque, les aristocrates britanniques sont à cheval sur l'étiquette et les origines familiales.

Afin de pouvoir épouser la femme de ses rêves, il se lance dans une mission folle : devenir en vingt jours l'égal de Guillaume le Conquérant et de Don Quichotte ! Des évènements extraordinaires lui offrent l'opportunité d'accomplir son désir le plus cher.

Maurice Leblanc, le créateur du célèbre Arsène Lupin, est également un auteur de SF, fait peu connu de nos contemporains.

Si les premières pages donnent le sentiment de feuilleter une œuvre légère, agréable et ensoleillée comme les terrasses du bord de la Manche, Leblanc efface rapidement cette impression par de petites touches éparses. Ni la tentative d'évasion du couple, ni l'enlèvement de la demoiselle en détresse ne vont faire basculer ce roman dans la comédie sentimentale. La faute au "formidable évènement", un phénomène de basculement des plaques tectoniques qui soulève le fond de la Manche.

L'auteur nous entraîne alors dans un désert post-apocalyptique digne d'un hiver nucléaire, le rayonnement malsain en moins. Et cet univers devient le prétexte au déchaînement des passions (bestiales) humaines, de l'illustration de la bassesse et de l'indignité d'un Homme à l'écart de la civilisation. Seuls des êtres tels que Dubosc et ses pairs révèlent un tempérament assez fort pour présenter un visage civilisé.

Les lecteurs du père de Lupin retrouveront cette plume limpide, capable de donner de la vivacité à son récit et de la vie à ses personnages. Dubosc est un poil trop parfait pour me convaincre réellement, et les méchants sont sans aucune nuance. L'alchimie des policiers n'est pas présente, mais cette réserve à part, Le formidable évènement reste une découverte intéressante et divertissante. La lecture est aisée et le roman se lit quasiment d'une traite.
Certains préjugés propres à l'époque pourront interpeller certains lecteurs.