La morne vie de Fabien, quadragénaire blasé, connait un tournant lorsqu'au retour d'un week end chez son père, il apprend la mort de Sylvie, son épouse. Elle a été victime d'un accident de voiture. Elle n'était pas au volant ; un homme inconnu de Fabien conduisait. Tous deux sortaient d'un restaurant et se rendaient dans une discrète auberge de campagne.
Fabien est plus surpris qu'anéanti par cette double nouvelle - la mort et l'adultère de Sylvie. Il se prend une cuite, boude les obsèques, puis part s'installer chez son pote Gilles, récemment plaqué par sa femme. Les deux amis picolent, fument, grignotent, gardent un il distrait sur Léo, le fils de Gilles, que leur confie à contre-cur une mère trop prise par son travail. Bref, la vie reprend son cours...
Mais une idée a commencé à germer dans la tête de Fabien, et ce dès le jour où il s'est rendu à la morgue pour reconnaître le corps de Sylvie. Il y a croisé une femme qu'il devine être celle de l'amant de feu son épouse. Cette femme, Fabien se dit qu'il pourrait bien la séduire, puisque le défunt lui avait piqué la sienne.
Commencent alors de longues semaines de filature où Fabien va s'éloigner de plus en plus de Gilles, qui ne comprend pas son comportement. Il finit par suivre l'épouse de l'amant mort sur son lieu de vacances. La chasse peut commencer...
Je me suis régalée de ce petit roman noir, qui ne tourne au polar que dans les derniers chapitres, et encore, avec discrétion. Je l'ai plutôt apprécié comme une tranche de vie de personnages d'apparence ordinaire - mais d'apparence seulement... Ce qui m'a vraiment séduite ici, c'est le ton de Pascal Garnier. Son ironie frise le caustique, on est dans le doux-amer avec ses descriptions des sentiments de ses personnages, tous plus pessimistes et paumés les uns que les autres. On devine sous toute cette noirceur une certaine tendresse, et surtout une grande lucidité.
La place du mort, l'air de rien, fait passer beaucoup de messages en peu de pages. Je vous laisse les découvrir vous-mêmes, si l'aventure vous tente.